Le gouvernement a annoncé la libération de 29 ex rebelles de la CMA. En échange, la CMA va relaxer les 7 prisonniers (3 militaires 4 policiers) qu’elle détient. La décision a été prise à la faveur de la 6ème réunion du Comité de suivi de l’accord d’Alger tenue la semaine dernière à Bamako.
Cette libération s’inscrit, selon les acteurs, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix et de l’adoption des mesures de confiance. Pour la Coordination des mouvements armés, il s’agit d’un « pas important » vers la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger. Cependant, la CMA prétend avoir encore 67 militants détenus par le gouvernement à travers les prisons de Bamako, Mopti, Tombouctou et Gao.
Almou Ag Mohamed est porte-parole de la CMA. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Le gouvernement a annoncé vouloir libérer vingt-neuf parmi les détenus, dont nous n’avons pas la liste encore. Du coté de la CMA nous avons trois militaires et quatre policiers ».
Les vingt-neuf détenus doivent être libérés en échange de ces sept personnes ?
« Exactement ! C’est ce que le gouvernement demande et nous ne voyons pas d’objection à cela, à notre niveau. Nous sommes prêts à procéder à un échange organisé comme ils veulent, à leur guise ».
Cette action du gouvernement constitue-t-elle selon vous un pas vers ce que vous appelez les mesures de confiance pour la mise en œuvre de l’accord ?
« Absolument ! Le gouvernement a fait un grand effort lors du dernier CSA. Il s’est engagé de façon ferme à rendre effectives certaines dispositions de l’accord qui, selon nous, sont des dispositions clés pour qu’on puisse vraiment avancer dans la mise en œuvre de l’accord ».
Pourtant après 6 réunions du comité de suivi de l’accord, il n’y a toujours pas d’avancées dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Et la question de la représentativité au sein du Comité de suivi fait toujours débat. Si les parties refusent qu’il y a blocage, certains analystes pensent le contraire. Selon eux, « plus le processus est lent, plus les défaillances sont exploitées par ceux qui veulent déstabiliser ».
Boubacar Bocoum est analyste politologue. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« Depuis un certain temps, nous assistons à un blocage. Quand vous regardez dans l’application, nous ne sommes pas encore parvenus à cantonner les mouvements rebelles, alors que cela est une condition sine-quoi-non pour aller à la bonne application de l’accord. Le problème est qu’aujourd’hui ils montent les enchères. C’est un problème de positionnement et c’est de bonne guerre. Maintenant, c’est à nos autorités de comprendre où est-ce-qu’ils sont en train de partir et après, accélérer le processus. Car, plus le processus est lent, plus les défaillances sont exploitées par ceux qui veulent nous déstabiliser ».
Alors quels peuvent être les effets négatifs de ce retard dans le processus ?
« C’est très dangereux, surtout quand vous regardez le problème de la Syrie. Avec toute cette déliquescence du problème de la Syrie, les gens sont en train de revenir au Nord du Mali. Donc, il y a encore un risque qu’il y ait des foyers d’embrasement, qu’il y ait une certaine forme de déstabilisation du pays. Il faut donc aller très vite ».