Face à l’insécurité multiforme et persistante à laquelle le pays fait face, l’avis de la population doit compter. C’est dans cet esprit qu’un livre blanc vient d’être publié. Le document contient les préoccupations et recommandations de la société civile dans la lutte contre l’insécurité et la recherche de la paix. Il a été élaboré par l’institut international de recherche sur la paix de Stockolm (SIPRI) et la coalition nationale de la société civile pour la paix et la lutte contre la prolifération des armes légères (CONASCIPAL).
Le livre blanc de la société civile est une illustration des perceptions et attentes des populations sur la crise sécuritaire. Il propose aussi des pistes de réflexion et d’actions au gouvernement. Selon Richard Bomboma, de l’Ambassade de Suède au regard de la complexité de la crise malienne, « il est important de chercher à la comprendre tout en impliquant la société civile, la population malienne. Il faut comprendre le fonds, la base de la crise». D’où l’idée de ce livre blanc, indique-t-il. Ajoutant que le document contient « toutes les questions qui ont été révélées par la population malienne et qui permettent de comprendre cette crise».
Le document aborde également la question de la prolifération des armes, principale cause de l’insécurité grandissante dans le pays, selon certains observateurs. Pour Amadou Maguiraga, chercheur à l’institut Malien Recherche et Action pour la Paix (IMRAP), ce phénomène s’est accentué avec le démarrage du processus DDR. Il estime que depuis ce processus a été enclenché, chacun veut détenir des armes dans l’espoir de se faire enregistrer. « Bon nombre des attaques à main armée dans la région de Mopti , Gao et Toumbouctou, c’est pour enlever des bétails, pour aller vendre et investir dans les armes » affirme-t-il. Selon le chercheur, le processus DDR qui accuse du retard favorise donc cette situation. « nous avons des armes, on a faim, on doit manger. Alors, on se sert de ses mêmes armes pour avoir la nourriture avant que le processus de DDR ne commence », explique-t-il.
Le livre contient également des recommandations formulées par la société civile. « Si on est par exemple dans les régions du nord on met l’accent sur les actions humanitaires, ou les engins explosifs, dans le centre, on met l’accent sur le vivre ensemble, les violences basées sur le genre, dans le sud, mettre l’accent sur la sécurité des infrastructures routières. Cela peut améliorer tant soit peu la sécurité des personnes», propose Bréma Ely Dicko, sociologue et Coordinateur scientifique du Livre Blanc. En plus de cela l’universitaire préconise le renforcement des liens de confiance entre les populations et les forces de défense et de sécurité