Plus 14 milliards de FCFA, c’est le montant que les autorités veulent obtenir en réduisant les crédits budgétaires affectés aux dépenses de carburants et de produits alimentaires en 2019. C’est ce qu’a annoncé le 21 janvier dernier le chef du gouvernement dans une note circulaire. Selon la Primature, cette mesure vise à « maîtriser les dépenses publiques de l’année 2019-2020 ». La mesure est diversement appréciée par les économistes. Si pour certains il s’agit d’« effets d’annonce », d’autres estiment que le montant à économiser est « insignifiant » face au déficit du budget.
Pour certains économistes, cette initiative du gouvernement est « salutaire ». Toutefois, ils estiment que le taux annoncé est minime. « Si le gouvernement donne le ton, c’est une bonne mesure et parmi la liste des services concernés, il y a la présidence de la République également », pense Pr. Oumar Bouaré. Pour cet économiste, « la réduction ne semble pas très élevée parce qu’elle ne représente qu’à peu près 17, 82% de l’augmentation des dépenses publiques ».
D’autres économistes émettent des réserves sur la forme et le fond de cette initiative de réduction des dépenses. Selon eux, « la priorité serait de lutter contre la corruption » et de recouvrir les fonds détournés à l’Etat. « Les deux vérificateurs généraux en 14 ans ont constaté près de 741 milliard d’anomalie de fraudes ou de mauvaise gestion. Ce qui correspond à la disparition d’au moins 52 milliards de FCFA par ans. Il est mieux de lutter effectivement contre cette fraude que d’annoncer un petit 14 milliards qui au demeurant peut se régler facilement », analyse de son côté Pr. Mamoutou Soumaré, économiste, membre du Centre de Réflexion sur la Corruption au Mali
L’annonce de ces coupes budgétaires intervient dans un contexte de grogne sociale dans le pays. Pour certains économistes, il s’agit d’une stratégie pour apaiser les tensions face à un front social en ébullition « Voici une loi de finances 2019 qui a été votée à hauteur de deux mille quatre cent dix milliards de dépenses, et qui viole des principes d’élaboration du budget. On se demande où est-ce qu’on va mettre cet argent », s’interroge Khalid Dembélé, chercheur au Centre de Recherche et d’Analyses Politiques, Economiques et Sociales. Bien que l’économiste apprécie cette initiative, il reste convaincu que l’impact de la mesure n’est à la hauteur des enjeux économiques que traverse le pays.
En attendant l’impact de ces coupes budgétaires, certains Maliens pensent que la réduction du train de vie de l’Etat passe aussi par la réduction des fonds de souveraineté alloués aux chefs d’institutions, dont le président de la République et celui de l’Assemblée nationale.