Toute la région de Mopti et une partie de Ségou font face à des affrontements entre communautés. Dans son dernier rapport sur le bilan sécuritaire de l’an 2018, la Fédération internationale des droits de l’Homme, FIDH, annonce que près de « 1200 personnes ont perdu la vie durant ces deux dernières années dans ce conflit». Un bilan contredit par le gouvernement.
Les affrontements communautaires dans le Centre du pays, s’intensifient de jour en jour. Rien qu’en début de cette année 2019, 37 personnes ont trouvé la mort à Koulogon, dans le cercle de Bankass. Cette attaque intervient après plusieurs autres qui ont provoqué de nombreuses victimes et des centaines de déplacés.
Des analystes de questions sécuritaires estiment que l’État a une lourde responsabilité dans ce qui se passe dans cette partie du pays.
« L’État est une autorité régulatrice qui doit intervenir en toute impartialité pour concilier les points de vue ou pour trancher quand il faut en faveur de telle ou telle partie », affirme Ibrahim Maïga, chercheur à l’Institut d’Études et de Sécurité, ISS de Bamako. Selon lui, du moment où « ce régulateur » est absent ou est contesté, cela amène des milices d’auto-défense, des gens qui se mettent ensemble, soit pour essayer de se protéger contre leur voisins ou encore « attaquer pour ne pas être attaqué».
« Responsabilité de l’Etat »
Les communautés présentes dans la zone condamnent cette spirale de violence en cours dans la zone. Pour l’association Taabital Pulaaku, la paix ne peut revenir qu’avec l’implication de l’Etat. Me Hassane Barry, membre de l’association, explique que « la paix ne peut revenir qu’avec l’implication de l’Etat ».
Pour Me Barry, la présence de l’Etat dans toutes les zones du Centre du pays peur ramener le calme. « Il faut dès maintenant que le gouvernement soit assez combatif pour aller partout. A Mopti, à Djenné, à Kemacina, que l’État ne reste pas passif ».
Selon Madani Dolo, chargé de conflits à l’association « Gina Dogon » ; « la paix n’arrange pas tout le monde ». Et « certaines personnes ne sont pas sincères dans la recherche de solutions aux conflits ».
Même si le gouvernement a honnêtement sa part de responsabilité dans conflits « entre nous, les communautés, il faut être franc et se dire la vérité » explique-t-il, avant d’ajouter qu’au paravent, « Peulh et Dogon étaient les mêmes. Mais malheureusement aujourd’hui ils sont divisés ».
- Déplacement massif
En attendant de trouver une solution, les populations rescapées continuent de fuir les habitations pour d’autres localités. Déjà, 114 habitants du village de Sadia, localité située dans le cercle de Bankass sont arrivés à Bamako le mois dernier (décembre 2018).
Ces déplacés sont tous massés au Parc à bétail de Niamana à la sortie de la ville. Selon Tapital Pulaku, ils seraient plus d’un millier de déplacés de la région de Mopti actuellement à Bamako depuis le début de ses affrontements communautaires.