Une semaine après la marche réprimée du samedi 2 juin, les partis politiques de l’opposition et certaines organisations de la société civile étaient dans la rue ce vendredi 8 juin. A Bamako et à Kayes, les manifestants ont réclamé des élections transparentes, libres et indépendantes et « un accès équitable » de tous les citoyens aux médias publics, dont la télévision nationale. Les responsables de l’opposition saluent « une marche réussie sans violence et une victoire pour la démocratie ».
Ils étaient donc des milliers de personnes à battre le pavé ce vendredi 8 juin. Contrairement à la marche de samedi 2 juin, celle d’aujourd’hui a été autorisée par les autorités du pays. Mais cette autorisation est intervenue après plusieurs discussions entre le gouvernement et l’opposition, sous la houlette du Représentant spécial de la Mission de l’ONU au Mali, Mahamat Saley Annadif. Aucun incident n’a été constaté lors de cette manifestation. Organisée à l’appel de la Coalition pour l’Alternance et le Changement, la marche est partie de la Place de la liberté pour finir à la Bourse du travail.
Pour Tiéblé Dramé, membre de l’opposition, « il est heureux de constater que le gouvernement s’est conformé à la Constitution ». « Enfin le gouvernement respecte la Constitution, ça c’est important. Si le gouvernement ne respecte pas la Constitution et la loi, il se met en marge de la loi fondamentale », a déclaré le président du PARENA, non moins directeur de campagne du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Selon lui, le droit de manifestation pacifique est « un droit constitutionnel ». « On ne saura accepter que ça soit remis en cause par le gouvernement malien ou par qui que ça soit. Il a été conquis de votre lutte », martèle Tiblé Dramé. Avant d’ajouter : « il faut que le peuple malien démontre aujourd’hui au président IBK et à ceux qui le soutiennent que ce pays a changé. Le vent de l’histoire c’est le vent du changement et que nous sommes engagés dans la voix du changement, et voilà tous ensemble nous ferons en sorte que le Mali aille de l’avant ».
La marche de l’opposition avait aussi pour objectif de réclamer « un légal accès » aux médias publics, dont la télévision nationale l’ORTM. Selon les manifestants, elle « n’existe plus pour l’opinion publique ». « Ils s’en vont organiser n’importe quoi à la gloire de monsieur IBK. Le président sait bien que la dernière fois ce n’est pas l’ORTM qui l’a fait élire, c’est ce public là qui a fait défection aujourd’hui. Alors s’il s’appuie sur l’ORTM, nous allons le dénoncer », laisse entendre Me Mohamed Aly Bathily, ancien ministre d’IBK, devenu un de ses opposants farouches.
De la nouvelle loi électorale, il en a été question également chez les marcheurs. Et Mohamed Bathily d’ajouter : « nous disons non à la fraude surtout quand elle est organisée par la loi, et nous disons qu’IBK a été élu sur un mandat propre, il n’avait pas besoin de changer la loi électorale à quelques encablures de la fin de son mandat ». Selon ce candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet, « IBK n’avait qu’à laisser cette loi qui lui a permis d’être élu proprement, et on aurait été dans des élections propres ». « Mais non il fallait qu’il touche, il fallait qu’il change pour pouvoir se donner une chance parce que tout simplement il sait qu’il n’a plus derrière lui la société civile qui lui a permis de gagner », regrette Me Bathily.