Le maire de Tarkint, dans le Nord du pays, est porté disparu depuis une dizaine de jours. Baba Oul Cheick a été « enlevé par des hommes armés ». L’information a été confirmée par sa famille et certaines sources locales. Qui sont les auteurs de cet « enlèvement » ? Quels sont leurs mobiles ? Que réclament-ils ? Où l’ont-ils amené ? A ces questions les autorités politiques et administratives de Tarkint et de la région de Gao, se refusent à tout commentaire.
Baba Ould Ckeikh a participé à la médiation pour la libération d’Européens enlevés par des groupes jihadistes. Selon un membre de sa famille, Baba Ould Cheikh a été enlevé entre les 21 et 23 janvier derniers par six hommes armés. Une source sécuritaire a confirmé l’enlèvement affirmant que ce n’est pas une simple disparition. Selon elle, le maire a été enlevé soit par des individus qui ont un différent avec lui soit par des islamistes.
Les autorités administratives et politiques de la commune de Tarkint, tout comme celles de la région de Gao, n’ont pas voulu se prononcer sur cet « enlèvement ». Pour certaines sources non officielles, le maire Baba Ould Cheikh serait « comme d’habitude en tourné entre certains campements éloignés de sa localité ».
Le nom de Baba Ould Cheikh avait été cité dans l’enquête de l’affaire « Air cocaïne ». Un boeing 727, venant du Vénézuéla, qui avait atterri en 2009 à Gao avec à son bord de la Cocaïne et d’autres produits illicites. Et après avoir déchargé son contenu, les trafiquants avaient incendié l’appareil.
Baba Ould Cheikh avait également été arrêté par les forces de sécurité maliennes en avril 2013 pour « trafic de cocaïne ». Il avait été libéré « faute de preuves » quelques mois après. Suite à la détérioration de la situation sécuritaire dans le Centre et le Nord du pays, les élus locaux sont devenus des cibles pour les terroristes. En 2017 plusieurs maires ont été enlevés ou tués dans ces parties du pays.
L’enlèvement du maire de Tarkint intervient après une série d’attaques meurtrières qui ont frappé les forces armées maliennes au Nord et du Centre du pays. Près 70 militaires et civils ont trouvé la mort au cours de ces différentes attaques. Pour certains observateurs, l’armée doit mieux former et équiper ses hommes si elle veut réellement lutter contre le terrorisme. Selon eux, les moyens aériens de l’armée doivent être d’avantage renforcés.
Pr. Diachari Poudiougo est politologue, chargé de cours à l’Université du Mali.