La Conférence d’entente nationale, s’est ouverte ce lundi à Bamako, en l’absence de l’opposition et de l’ex-rébellion, qui dénoncent un manque de concertation préalable. La conférence, qui se poursuivra jusqu’au 2 avril selon le programme officiel, est prévue par l’Accord de paix discuté à Alger.
Selon le gouvernement, la Conférence devrait notamment « élaborer une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale sur une base consensuelle« . Lors de la cérémonie d’ouverture le président malien Ibrahim Boubacar Keïta appelé à un Mali uni et s’est déclaré ouvert. Dans son discours, il a invité les Maliens au rassemblement et à l’introspection en faveur de l’intérêt général. Il a aussi appelé à éviter que la conférence « ne soit prise en otage par les surenchères diverses, par les tentatives de positionnement et par les remises en cause d’arrière-garde« .
La rencontre s’est ouverte en présence de partis de la majorité au pouvoir et de groupes armés pro-gouvernementaux. En revanche, les places réservées à la Coordination des Mouvements de l’Azawad et à l’opposition sont demeurées inoccupées.
La Confédération syndicale des travailleurs du Mali a également décidé de ne pas participer à la rencontre en raison de sa non-implication durant toute la durée des travaux. Certains participants, membres de la société civile et venus des différentes régions du pays, ont cependant exprimé de grands espoirs dans ces discussions.
Contrairement au programme initial, la charte finale de la paix et de l’unité nationale ne sera pas rédigée à l’issue de ces 7 jours de travaux. Selon le président de la Commission d’organisation, des résolutions vont sortir de ces assises. Celles-ci seront ensuite discutées et prises en compte dans la charte finale.
A l’ouverture de la Conférence les responsables des mouvements de la CMA n’étaient pas présents dans la salle. Selon un responsable l’ex rébellion, la CMA ne participerait pas aux assises de la conférence d’entente nationale tant que le retour des réfugiés et l’installation des autorités intérimaires ne sont pas effectifs.
Ilad Ag Mohamed porte-parole de la CMA était l’invité du débat co-animé ce matin au palais de la culture par Studio Tamani et Mikado FM :
« Aujourd’hui un démarrage d’un train aussi important comme l’organisation de la conférence d’entente ne doit pas avoir lieu sans la CMA. Surtout que les préoccupations qu’on avait annoncées dès le départ aucune d’elles n’a été prise en compte.
Est ce que vous pouvez nous citer quelques unes de ces questions qui n’ont pas été prises en compte ?
L’élément essentiel, c’est le retour des réfugies. Les réfugiés c’est de dizaines de milliers. Aujourd’hui au Burkina vous avez près de 23 mille âmes qui vivent en dehors au Burkina Faso, sur plus de 30 mille en Mauritanie, autant de nombre qui vit aussi au Niger. Alors comment est ce que de dizaines de milliers de personnes qui vivent à l’extérieur, pouvons nous avoir une conférence d’entente sans eux ? Les autorités intérimaires qui doivent avoir mises en place pour préparer le retour de ces réfugiés, nous pensons qu’après ça qu’il faut aller vers l’organisation d’une conférence d’entente. Aujourd’hui je vois mal une conférence d’entente ».
Les groupes armés de la Plateforme et de la CMA avaient proposé au gouvernement que les concertations se poursuivent avec les populations à la base. Selon Maître Harouna Touré porte-parole de la Plateforme, son mouvement a décidé de participer à la rencontre car la requête faite par les groupes armés a été acceptée par le gouvernement.
Maitre Harouna Touré, porte-parole de la Plateforme :
« Nous avons souhaité que les écoutes au niveau local, au niveau le plus bas c’est à dire du village, de la fraction nomade, de la commune, du cercle, à la région que ces concertations aient lieu à tous les niveaux. Ensuite on se trouverait dans une position d’organiser une dernière échéance d’écoute pour enfin aller vers la mise en place d’une charte d’unité nationale. C’était la condition majeure. C’est-à -dire nous avons demandé que la conférence ne se termine pas en sept jours. A l’issu des sept jours des travaux, il y aura des résolutions et ce sont ses résolutions qui vont faire encore l’objet d’une vulgarisation auprès des populations maliennes à l’intérieur comme à l’extérieur du pays afin d’avoir une sorte de charte qui reprend en charge toutes les préoccupations des populations maliennes ».
Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU affirme être surpris par l’absence de la CMA à la conférence d’entente nationale. Mahamat Saleh Annadif se veut optimiste. Il souhaite que les mouvements de la Coordination rejoignent très prochainement les assises.
Mahamat Saleh Annadif :
« Jusqu’à hier soir j’étais dans des prédispositions d’esprit qu’au moins la CMA et la Plate-forme seraient présente à cette cérémonie d’ouverture. Manifestement la CMA risque de ne pas être présente. Je le déplore. Je ne le comprends pas. J’estime que les éléments qui ont été soulevés dans le communiqué du 24 Mars ont trouvé des réponses. Je ne désespère pas en tout cas que d’ici la fin de la journée ou demain, la CMA puisse se joindre à ce processus. Je le souhaite vivement. Dans tous les cas il ressort dans nos discussions que c’est un processus. Et un processus ; on sait quand est-ce que ça commence, mais on ne sait pas quand est-ce que ça fini. C’est aux acteurs de définir l’agenda. Et ça serait justement l’exercice auquel ils vont s’atteler dès que la cérémonie d’ouverture a eu lieu. Je les invite à venir s’associer à ce processus. Comme je l’ai toujours dis la politique de la chaise vide n’a jamais été payante ».