L’opérationnalisation des patrouilles mixtes à Gao tarde à se concrétiser. Les combattants de la CMA sont bloqués aux alentours de la cité des Askias depuis vendredi dernier par d’autres mouvements armés comme la CPA qui exigent leur participation à ces patrouilles. La Coordination avait donné un délai de 72 heures à la communauté internationale et au gouvernement malien pour mettre en place toutes les conditions permettant la tenue des patrouilles dans la ville. Il s’agit notamment du désarmement de tous les groupes armés qui ne sont pas membres de la Coordination et de la Plateforme. Cet ultimatum qui devrait expirer aujourd’hui a été prolongé d’une journée par les responsables de la CMA. Selon eux, si d’ici demain la situation n’est pas réglée, la CMA retournera à Kidal.
Mohamed Ould Sidaty membre de la CMA est joint au téléphone par Adama Amadou Haidara :
« Nous ne pouvons pas rester indéfiniment au-dehors de la ville. Si d’ici demain il n’y a pas de solution, on sera obligé de retourner à Kidal avec nos éléments et montrer à la communauté internationale et au peuple malien que la faute n’est pas de la CMA. Mais qu’il y a des gens qui ne veulent pas la mise en œuvre de l’accord. Les dispositions sécuritaires disent qu’en cas de patrouille mixte, seuls les éléments des FAMAS, la Plateforme et la CMA doivent être armés à l’intérieur de la ville. Donc toutes les autres parties armées doivent se cantonner et laisser la ville entre les mains de la patrouille mixte qui est la disposition indiquée dans l’accord pour sécuriser la ville. Alors du moment où il y a la CPA et beaucoup d’autres mouvements dont on ne connaît même pas l’identification qui sont armés à l’intérieur de la ville, nous on ne peut pas rentrer. Et comme la ville est reconnue gérée par les FAMAS et le gouvernement du Mali, ils doivent prendre les dispositions nécessaires pour cantonner toutes ces autres forces afin que les patrouilles puissent démarrer ».
Cependant la coordination du peuple de l’Azawad estime avoir trouvé un compromis avec le gouvernement et la communauté internationale pour le démarrage des patrouilles mixtes à Gao. La CPA annonce qu’elle déposera la liste de ses combattants au plus tard ce soir. Mohamed Ousmane ag Mohamedoum, secrétaire général de la CPA, joint au téléphone par Adama Amadou Haidara :
« Au moment où je vous parle, nous sommes dans une dynamique de proposer des listes pour permettre le démarrage des patrouilles mixtes à Gao. Il est fort probable que d’ici ce soir nous déposions ces listes. Une fois que ces listes seront déposées et qu’on nous invite à fournir des combattants en question, il n’y aura plus de problème pour nous. Les patrouilles mixtes pourront démarrer. Parce que ce serait injuste de tenter d’exclure du processus un acteur légal de l’accord. Nous sommes signataires de l’accord du 15 mai et nous sommes signataires au nom des populations, au nom de mouvements armés. Donc il est tout à fait normal qu’on soit inclus. On nous a entendu et finalement il y a eu un compromis ».
Le gouverneur de Gao refuse de parler de blocage. Selon lui, maintenant rien ne devrait pouvoir empêcher le démarrage des patrouilles mixtes.
Seydou Traoré gouverneur de Gao est joint au téléphone par Samba Doumbia :
« Vous savez le MOC, c’est les FAMAS, la Plateforme et la CMA. Maintenant que tout est là, en principe rien ne devrait pouvoir empêcher le démarrage de la première patrouille mixte. En continuant à parler toujours de groupes dissidents, on n’en finira pas. Et, il faudra que les gens se mettent d’accord pour communiquer. Indiquer la liste et présenter les combattants qui sont désignés momentanément. Il s’agit simplement de mettre la Plateforme, la CMA et les FAMAS ensemble, dissiper la méfiance, rassembler les gens pour que la très forte prolifération des groupes armés et des armes en même temps puisse être atténuée. Alors, tout le monde peut ne pas arriver en même temps mais il faudra quand même qu’on évite de croire, qu’il y a des choses qui sont bloquées. Rien n’est bloqué. Le niveau des décisions devra dire, voilà ce qui doit être fait. Si c’est la CMA, voilà ce que vous devez faire avec les gens qui se réclament de vous. Si c’est la Plateforme, voilà ce que vous devez dire aux gens qui doivent se réclamer de vous. Sinon au bout du compte, on ne va pas croire à la bonne foi des gens».