266 migrants maliens rapatriés de l’Algérie depuis le 1er décembre dernier sont arrivés hier soir à Bamako. Ils ont transité par le Niger avant d’arriver au Mali. Parmi eux deux sont morts et un autre blessé, suite aux mauvaises conditions de rapatriement. Neuf autres Maliens ont aussi été expulsés de la Guinée-Équatoriale. L’association malienne des expulsés dénonce les conditions d’expulsion qu’elle juge »inhumaine ».
Au total, 275 migrants maliens sont arrivés hier soir aux alentours de 20h à Bamako. 266 sont venus de l’Algérie et les 9 autres de la Guinée-Équatoriale. Ce premier convoi des maliens expulsés de l’Algérie a enregistré deux morts et un blessé, suite aux mauvais traitements qu’ils ont connu durant la période de rapatriement. Ils ont transité par le Niger avant d’arriver au Mali. Ces rapatriés ont été accueillis à leur arrivée à la protection civile de Sogoniko par le service du développement social et les départements chargés des questions migratoires.
Selon l’Association Malienne des Expulsés, ces Maliens ont été rapatriés les mains vides. L’AME regrette aussi qu’aucune disposition n’ait été prise par les autorités maliennes pour les aider à récupérer leurs biens laissés dans le pays d’accueil.
Depuis le premier décembre dernier, l’État Algérien procède à un rapatriement massif des subsahariens. Parmi les individus arrêtés, on compte plus de 1400 migrants dont plusieurs Maliens.
Selon les autorités du Mali, 200 autres migrants maliens sont attendus à Bamako dans les prochains jours.
Le centre d’accueil des rapatriés de la protection civile après l’ enregistrement des expulsés se dit en quête de moyen pour les aider à retourner dans leur village d’origine. Par ailleurs, les responsables du centre affirment que la réinsertion de ces personnes relève de la responsabilité des ministères en charge du développement social et des maliens de l’extérieur.
Lieutenant Nouhoum Coulibaly, responsable du centre d’accueil des rapatriés de la protection civile, est au micro de Moumine Sindebou :
« Les autorités algériennes ont expulsé un certain nombre de maliens qu’ils sont partis déposer à Agadez en république nigérienne. C’est à partir de là-bas que les autorités maliennes en commun accord avec l’ambassade du Mali à Niamey ont procédé au retour de ces maliens. Les Équato-guinéens sont venus en imprévus ».
Ils sont au nombre de combien ?
« 266 en provenance d’Algérie et 9 en provenance de la guinée Équatoriale. À leur arrivé, ils ont été enregistrés. On va essayer de chercher un moyen de transport pour faire retourner chacun dans son village. Les mesures prises par rapport à leur réinsertion dépendront du ministère du développement social et du ministère des Maliens de l’extérieur ».
Ces rapatriés dénoncent les mauvais traitements qu’ils ont subi en Algérie. Ils sollicitent le soutien des autorités maliennes pour faciliter leur réinsertion et le retour dans leurs localités respectives.
Youssouf Doumbia, un rapatrié de l’Algérie au micro de Moumine Sindébou :
« Le premier décembre dernier, les services de l’intérieur, nous ont appelés pour des visites médicales, comme quoi il y a une nouvelle maladie dans le pays. Donc qu’ils vont faire des tests, les personnes contaminées par cette maladie seront renvoyées dans leur pays respectif. On est parti dans leur camp, on a fait trois jours là-bas dans des conditions déplorables. Les gens ont commencé à se révolter, la police algérienne a lancé du gaz lacrymogène sur nous, elle nous a frappés et a même fait plusieurs blessés. Après Tamaraset on a fait deux jours au Niger. L’ambassadeur du Mali au Niger est venu nous voir et nous a soutenu durant notre séjour là-bas. Arrivé à Bamako, on nous a promis un peu d’argent pour que tout le monde puisse rentrer chez lui. Mais à cette heure-ci, on a rien vu, on ne sait pas quoi dire ».
Neuf autres migrants maliens ont été expulsés de la Guinée-Équatoriale, après deux mois de détention à Malabo et Bata. Ils ont aussi été accueillis hier soir par le centre d’accueil des rapatriés.
Amadou Samaké, un des rapatriés de la Guinée-Équatoriale, est au micro de Moumine Sindébou :
« Nous avons tous nos papiers. Et puis on travaillait. Il y a des gens qui ont même été rapatriés depuis leurs lieux de travail. D’abord, on a fait 2 mois dans les prisons de la Guinée-Équatoriale notamment celle de Bata et de Malabo. Le Dimanche passé, ils nous ont envoyés au Bénin. De là-bas, nous sommes allés voir notre consul pour l’expliquer notre problème. Ils nous ont envoyés ici. Vraiment, notre Gouvernement doit faire plus d’effort pour nous. Parce que souffrons beaucoup en aventure. Il y a le consulat, mais il ne travaille pas comme il faut. Certaines personnes ont payé 200 mille, 250 mille ou 150 mille pour faire des négociations. Ils ont pris l’argent, mais ils ne nous ont pas laissés. On ne peut pas rester ici comme ça, mais on n’a pas de moyen pour rentrer chez nous. On pensait qu’une fois ici, ils allaient nous donner quelques choses même si c’est le prix du transport. Rien n’a été fait jusque-là ».