Toujours pas de solution au problème de Kidal. Hier encore, des affrontements ont opposé la CMA et la Plateforme au nord-ouest de Kidal. La dernière rencontre entre les deux parties pour discuter s’est tenu à Bamako avant la fête. Toutefois, cette session n’a pas permis d’obtenir un accord entre les parties. Selon le président de la CMA, qui était l’invité Afrique de RFI ce matin, « si cela continue il risque de ne plus avoir d’accord auquel se référer ».
Selon le président de la CMA, « il ne devrait pas y avoir de ce genre de rencontre ». Il estime que l’accord de paix devrait pouvoir régler toutes ces questions. « On ne peut pas faire de chaque petit détail, l’essentiel du débat » sinon on fait fausse route, déclare-t-il. Cependant la CMA regrette, selon son président, le fait que « le gouvernement et la Plateforme veulent tourner le dos à cet accord ». « Nous on s’y accroche », affirme la Coordination.
Concernant le problème de Kidal, Billal signale que « la Plateforme a une position qui n’est pas claire ». Et pour lui, « c’est tout le processus qui est concerné par ce qui se passe ». Donc, le responsable de la CMA met en garde contre « un risque de ne plus avoir d’accord auquel se référer ».
S’agissant de la création du Mouvement pour le Salut de l’Azawad, le président de la Coordination répond que, « la CMA est intacte, forte et solide ». Et elle ne sera pas « affaiblie parce que quelques individus la quittent » ajoute-t-il. Billal Ag Achérif rassure également « qu’il n’y a personne qui puisse réserver une place quelconque concernant les autorités intérimaires ».
Au même moment, le Mouvement pour le Salut de l’Azawad et le Gatia ont signé jeudi dernier un accord. Dans un communiqué conjoint, les deux parties annoncent leur volonté de lutter contre le banditisme dans les régions du nord du Mali. Selon les responsables des deux mouvements, « des patrouilles conjointes en vue de traquer tous les malfaiteurs démarreront bientôt ». Une rencontre intercommunautaire des populations concernées sera aussi organisée.
Cependant, le secrétaire général du Gatia précise que « le MSA reste toujours membre de la CMA ». Selon lui, cet accord est juste une « coopération entre les deux mouvements ». Mais le président de la Coordination déclare que « si le MSA veut rejoindre la CMA, il faudra étudier la demande, mais ce sera long ».
Un affrontement a opposé hier la CMA et la Plateforme à Intachdayte, localité située à 80 km au nord-ouest de Kidal. A ce stade, aucun bilan officiel n’est encore disponible. Cependant, les deux parties annoncent des versions différentes. Selon la Plateforme, « c’est l’enlèvement de deux Imghads par la CMA dont un a été retrouvé mort qui a provoqué ces combats ».
Hambala Ag Hamzata membre de la Plateforme est joint au téléphone par Ibrahima H.Diallo :
« Ce qui a provoqué cet incident, c’est qu’il y a eu des éléments de la CMA qui sont partis dans la zone d’Aguelhoc, enlever deux Imghads dont un a été retrouvé mort et c’est ce qui a provoqué cet incident d’hier. Quand les gens ont appris cet enlèvement, ils ont compris que ce sont les éléments de la CMA qui étaient à la base de ça et finalement, il y a eu un accrochage ».
Quel est le bilan ?
« Je n’ai pas le bilan définitif, mais le bilan provisoire que j’ai pour le moment est celui-ci : la CMA a perdu la base d’Intachdayte. Intachdayte est pour le moment sous le contrôle des forces de la Plateforme. La Plateforme a récupéré un matériel important de guerre, c’est-à-dire des armes, des munitions, des véhicules. Ils ont annoncé également la mort de sept personnes du coté de la CMA. Du coté de la Plateforme, on a enregistré cinq blessés ».
Alors, les combats sont-ils toujours en cours?
« Non les combats ont pris fin depuis hier ».
Une rencontre était prévue entre la Plateforme et la CMA à Bamako. Où en sommes-nous?
« Nous n’avons aucune idée pour le moment de la reprise des négociations ».
Selon la CMA, « la Coordination a été surprise d’être attaquée par la Plateforme ». Ses responsables demandent à la médiation « d’assumer ses responsabilités face à cette situation ».
Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« Intachidayte, c’est un petit poste d’un mouvement de la CMA. Il a été surpris d’avoir été attaqué par une importante colonne de la Plateforme hier ».
La plateforme dit que c’est la CMA qui a enlevé deux Imghads et un a été retrouvé mort. Et c’est ce qui a occasionné cet accrochage ?
« C’est pas vrai, c’est pas vrai ».
Quel est le bilan de cet affrontement ?
« On a perdu carrément contact avec les quatre véhicules. Pour l’instant, on se garde de tout commentaire ».
Toutefois la Plateforme annonce un bilan provisoire qui fait état de 7 morts au niveau de la CMA et 5 blessés au niveau de la Plateforme ?
« On préfère donner le bilan quand on aura la certitude de ce qui s’est passé réellement là-bas. Tout compte fait, si la médiation ne prend pas sa responsabilité, ça risque de rebelotter très prochainement ».
Mais est-ce que vous ne craignez pas que les quatre véhicules que vous avez perdus ne soient avec la Plateforme?
« C’est bien possible ».
La plateforme affirme également que c’est elle qui contrôle actuellement le poste de la CMA à Intachidayte. Est-ce que vous confirmez cette information ?
« Je n’affirme pas, je ne confirme pas. Parce que je n’ai pas eu de contact direct avec le terrain ce matin. Mais même si la Plateforme contrôle aujourd’hui Intachidayte, ça ne sera pas pour longtemps ».
Selon certains observateurs, « les conflits incessants entre ces différents groupes sont motivés, essentiellement, par des enjeux financiers et de leadership ». Ces analystes estiment que « ces conflits vont continuer dans ces zones tant que l’État y est faiblement présent ».
Bréma Ely Dicko, Enseignant-chercheur à l’Université de Bamako, est joint au téléphone par Ibrahima H. Diallo :
« Chacun essaye de revendiquer un peu sa place. Dans cette zone, circulent beaucoup d’armes et de drogues donc chacun essaye de contrôler les routes. Donc ce sont ces enjeux-là qui en réalité font que les conflits sont incessants, mais les conflits vont continuer. C’est des zones où tous les trafics sont possibles et vous savez que le trafic de cocaïne, d’armes remporte beaucoup d’argent. Donc chacun essaye de contrôler les routes et contrôler les zones et donc c’est des enjeux financiers ».
Le Mouvement pour le salut de l’Azawad qui est une dissidence de la CMA vient de signer un accord avec la plateforme, cela pourrait-il avoir un impact sur l’accord de paix ?
« On peut espérer qu’ils sont de bonne foi et qu’ils veulent contribuer à la mise en œuvre de l’accord. Mais j’en doute fort. Pour moi, c’est toujours les mêmes personnes, on change de siège selon les intérêts du moment. Donc si au niveau de la CMA, on n’est pas écouté, on espère venir au niveau de la Plateforme pour pouvoir avoir, peut-être, sa place ».