Le 27ème sommet de l’Union africaine est en cours à Kigali depuis ce matin. La capitale rwandaise accueille depuis deux jours les chefs d’État et de gouvernement membres de l’organisation continentale pour discuter des sujets épineux qui agitent l’Afrique.
Ce 27ème sommet intervient à un moment où le continent africain fait face à de nombreux défis, notamment la protection des femmes et les droits des minorités, la crise au Soudan du Sud, le terrorisme qui sévit dans plusieurs États membres, la crise Burundaise, le retrait des États membres de l’UA de la cour pénale internationale, l’instauration d’un passeport africain et la succession de Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la commission de l’Union.
Selon la ministre rwandaise des affaires étrangères, cheville ouvrière de ce sommet « plusieurs dirigeants africains attendent des changements concrets au niveau de la commission de l’UA afin que l’Afrique puisse financer elle-même la plupart de ses programmes, surtout les missions de maintien de la paix sur le continent ».
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les chefs d’État cherchent au cours de ce sommet des moyens efficaces, notamment l’échange d’informations entre les services de renseignements des États membres.
Au cours de ce 27ème sommet, il est aussi question que les États membres de l’UA quittent la cour pénale internationale. Le pays organisateur préconise de faire fonctionner efficacement la cour africaine de justice qui existe déjà et qui est capable de juger des crimes contre l’humanité.
Des négociations seraient en cours pour le retour du Maroc au sein de l’organisation continentale 32 ans après son retrait, suite à la reconnaissance de la République Sahraouie par l’Union africaine. La prochaine rencontre de L’UA est prévue en janvier 2017 à Addis-Abeba.
Pour certains observateurs « le véritable défi auquel doit faire face l’Union africaine n’est ni la lutte contre le terrorisme ni le financement des opérations de maintien de la paix sur le continent, mais plutôt la mise en place des vraies politiques de développement ». Selon eux « toutes ces personnes qui intègrent les organisations terroristes le font en absence de politique de développement ».
Aminata Dramane Traoré, écrivaine et ancienne ministre est jointe au téléphone par Ayouba Sow :
« Le défi majeur n’est pas le financement, le plus important, c’est de créer en amont un environnement économique social et politique favorable à la paix. Si c’était seulement une question de financement, si vous voyez aujourd’hui la situation dans les pays occidentaux dont les États et les armées sont censés aider les nôtres, je ne pense pas que ça soit une question de financement ».
Alors, selon vous le problème se situe à quel niveau ?
« Tous ces fléaux, qu’il s’agisse des flux migratoires, tout comme de la percée du djihadisme, résultent de l’échec et la faillite de leur modèle de développement. Les gens viennent à s’en prendre les uns aux autres parce que personne ne leur parle de toute façon du développement. On ne peut pas porter ni là-bas ni ici un soldat derrière chaque personne, mais il faut que les sociétés elles-mêmes se posent les bonnes questions en disant quelles sont les urgences au plan économique et social, or le débat au niveau de l’Union africaine ne va pas sur ce terrain ».
Il est question que les États membres de l’UA quittent la CPI. Est-ce possible ?
« Si ce sommet parvient à prendre au moins une décision claire et nette sur ça, au moins la dignité de l’Afrique sera sauvée sur ce plan en attendant qu’on règle les questions économiques et militaires ».