Le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) est cible d’une accusation de proximité avec le groupe jihadiste Ançar-Dine d’Iyad Ag Ghali par les autorités françaises. Cette accusation diffusée en cours de semaine n’a pas laissé indifférents les responsables du HCUA, qui ont publié un communiqué pour condamner ces accusations qu’ils qualifient « d’injustes et graves ».
En réaction aux accusations lancées par la France, les responsables du HCUA ont ce matin envoyé un communiqué à notre rédaction pour démentir les propos du ministère français de la défense.
Dans ce communiqué le HCUA rappelle au ministre français de la défense les efforts qu’il a entrepris depuis sa création pour récupérer la jeunesse du nord et stopper son enrôlement dans tout groupe proche d’extrémisme religieux.
Le HCUA appelle la France à jouer pleinement son rôle pour aboutir à une solution durable et définitive du conflit au Mali.
En début de semaine, la France avait annoncé sa préoccupation et son « agacement » par le « double jeu » du HCUA.
Le ministère français de la défense a également déclaré que, « si on devait tolérer trop longtemps ce type de double jeu, aller vers une solution sera compliquée ».
Pour rappel, le HCUA fait partie des groupes signataires de l’accord pour la paix. Le mouvement a plusieurs fois changé de nom. Lors de l’occupation des régions du Nord, il s’appelait Mouvement islamique de l’Azawad issu d’une scission d’Ançar-Dine. Le MIA, est officiellement dissous le 19 mai 2013 et devient le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad.
Les responsables du HCUA démentent les accusations du ministère français de la défense. Ils affirment qu’ils se sont séparés d’Ançar Dine depuis que le mouvement d’Iyad Ag Ghaly s’est fixé de nouveaux objectifs. Le HCUA invite la France à jouer son rôle de médiateur pour une application diligente de l’accord d’Alger. Toutefois, les responsables du HCUA demandent à la France de revenir sur sa déclaration.
Almou Ag Mohamed est porte-parole du HCUA. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« On qualifie cette accusation de non fondée. Au départ nous étions tous Ançar-Dine. Quand cela a été nécessaire au vu des nouveaux objectifs visés par Ançar-Dine, nous avons décidé de quitter ce mouvement et de créer un mouvement non radical, fréquentable, qui colle aux aspirations légitimes du peuple de l’Azawad. On considère cette déclaration du ministère français comme un aveu d’impuissance face à quelques groupes disséminés un peu par tout comme Al-Qaïda et Ançar-Dine. Il fallait trouver un bouc-émissaire, il fallait trouver une façon de justifier son impuissance face à ces groupes et tout ça retombe sur le HCUA. Ces accusations sont sans preuve, si les accusateurs ont des preuves, qu’ils nous les apportent ».
Est-ce que cette déclaration peut impacter sur la mise en œuvre de l’accord ?
« Non, pas à ce que je sache. Mais nous pensons que la France en tant que partie dans la médiation élargie, doit savoir raison garder. Nous attendons de la France de revenir sur cette déclaration. Nous attendons aussi de la France de jouer pleinement son rôle de médiateur et de peser de tout son poids sur les uns et les autres pour que l’application de l’accord soit vraiment diligente ».
Les responsables des groupes armés sont aujourd’hui en conclave pour faire la lumière sur l’accusation qui pointe du doigt le HCUA. Joints par notre rédaction, les membres de la Plate-forme nous ont confié qu’ils se préservent de tout commentaire par rapport à cette accusation avant d’y voir clair à l’issue de la rencontre avec les membres du HCUA.