L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) créée le 25 mai 1963 à Addis-Abeba avec 32 États membres et remplacée plus tard en 2002 par l’Union Africaine, fête aujourd’hui ses 53 ans. Le thème retenu « Année africaine des droits de l’homme, avec un accent particulier sur les droits de la femme » traduit la volonté de ses dirigeants de mettre l’accent sur la justice, le respect des droits de l’homme et la prospérité des populations.
Le Mali à l’instar des 54 pays membres de l’Union, a célébré aujourd’hui cet anniversaire. Le ministre malien des affaires étrangères a saisi l’occasion pour saluer les pères fondateurs de l’organisation dont le président Modibo Keïta qui fut l’un des rédacteurs de la charte de l’OUA. Selon le ministre Diop « pour atteindre les objectifs de l’UA, les Africains doivent s’appuyer sur les immenses potentialités du continent ».
Le ministre Abdoulaye Diop :
« Après avoir atteint ses objectifs principaux, l’OUA a cédé la place à l’Union africaine en vue d’accélérer le processus d’intégration économique et politique du continent. Dans cette perspective la conférence des chefs d’État et des gouvernement de l’Union africaine a adopté l’agenda 20-63 lors de la 24ème session ordinaire de la conférence des chefs d’État tenue en janvier 2015 à Addis-Abeba. L’agenda 20-63 est à la fois une vision et un plan d’action qui visent à construire une Afrique en paix, prospère et unie, fondée sur des valeurs partagées mais également sur un destin commun. L’agenda 20-63 s’appuie sur les piliers suivants: un continent intégré, politiquement uni, basé sur les idéaux du panafricanisme; une Afrique dotée d’une entité, d’un patrimoine commun. Pour l’atteinte de ces objectifs, nous devons nous appuyer sur les immenses potentialités du continent pour bâtir une économie transformatrice et résiliente qui s’adapte aux mutations et résiste aux crises».
Pour le haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel « le plus grand défi de l’Union africaine est le renforcement de la sécurité sur le continent, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la pauvreté et l’intégration économique des États membres ». Selon ce responsable de l’organisation « l’UA doit aussi renforcer la démocratie pour éviter les dérapages politiques qui menacent la stabilité dans certains pays membres ».
Pierre Buyoya est le haut représentant de l’UA au Mali. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« L’Union africaine est à l’œuvre pour la paix et la sécurité sur le continent. L’exemple concret, c’est son rôle au Mali. L’Union africaine est venue en force à travers la MISMA pour aider à libérer le nord du Mali. L’Union africaine est présente en Centre Afrique, elle est aussi présente en Somalie à travers l’AMISOM ».
Quels sont aujourd’hui les grands défis de l’Union africaine ?
« C’est la paix et la sécurité, la lutte contre le terrorisme, qui est devenu la menace numéro un sur le continent. C’est la consolidation de la démocratie. On voit aussi que la paix est menacée par les dérapages qu’il y a dans la gestion de la démocratie, en particulier dans la gestion de l’alternance politique. L’Union africaine doit aller plus loin pour indiquer les normes qu’il faut suivre sur le continent. L’autre défi que je pourrais appeler le défi numéro un, c’est la lutte contre la pauvreté ».
Certains observateurs estiment que « la prouesse de l’Union africaine est d’avoir pu réunir les pays africains à son sein ». Mais toutefois, ils considèrent que « les acquis de l’UA sont insuffisants par rapport aux objectifs qu’elle s’était fixé au moment sa création ».
Selon eux « il faut accélérer le projet de création de la monnaie africaine pour assurer l’indépendance économique du continent ».
Dr Étienne Fakaba Sissoko est économiste, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il était l’invité de notre émission Grand Dialogue d’hier :
« Au regard des ambitions que s’était fixées cette organisation; au regard aussi de la situation de l’Afrique, que ça soit la situation sécuritaire, la situation économique ou la situation politique, vous remarquerez avec moi que les objectifs qu’on s’était fixés et les résultats atteints aujourd’hui sont loin d’être satisfaisants dans le contexte actuel. Aujourd’hui la grande question c’est de savoir est-ce qu’avec le mécanisme de financement actuel de l’Union africaine nous sommes en mesure d’être indépendant ou même de concurrencer le reste du monde. Nous avons un potentiel énorme mais ce potentiel est étouffé par des politiques économiques mal élaborées, par des chefs d’État en manque de vision, en manque d’initiatives qui font qu’aujourd’hui que les peuples continuent à souffrir le martyre. Donc, il est important pour nous, si nous voulons réellement aller vers la réalisation de l’Union africaine, il faut d’abord que nous pussions réaliser l’indépendance économique. Et cela se fait une fois que la monnaie unique africaine aura vu le jour. Mais il est important que nous accélérions ce processus de création de notre monnaie unique qui est un symbole de la souveraineté de l’Afrique ».