Exportation et vente de la viande d’ânes. Depuis 2002, Missra Nabil a confectionné un abattoir d’ânes à 6 km au sud de Fana. Objectif, fournir des citoyens de son pays, le Nigeria, en viande d’âne. Son mini-entreprise emploie de nos jours près de soixante personnes dont quarante Maliens et vingt Nigérians. Par jour, Missra Nabil abat environ cent têtes d’ânes. Le prix d’un âne varie entre 15 mille à 30 mille francs CFA.
Depuis quatre jours, son travail est momentanément suspendu à cause des rumeurs de vente de viande d’ânes au marché de Fana. Missra Nabil est joint au téléphone par Siaka Z Traoré :
« On a commencé à abattre depuis 2002. Quand on finit le travail, on a un four de conservation dans lequel on met la viande emballée. Elle est ensuite envoyée au Nigeria ».
Avez-vous une autorisation d’abattage ?
« Oui, on a une autorisation de la sous-préfecture. On a aussi un vétérinaire. Mais depuis que les problèmes ont commencé, il a cessé de venir sur les lieux ».
Il y a un problème auquel vous êtes confronté pour le moment ?
« La semaine passée le sous-préfet m’a appelé pour me dire d’arrêter le travail, car selon lui les gens se plaignent en disant que la viande d’âne se vend au marché. Même hier, j’ai été arrêté par la gendarmerie pour la même raison. Les gendarmes m’ont dit avoir appris que mes collaborateurs travaillent à mon absence. J’ai répondu oui. Parce que pendant mon absence il y avait des animaux qui étaient tombés et risquaient de mourir. Au lieu qu’ils meurent d’eux mêmes qu’après les gens soient gênés par l’odeur, ils ont décidé de les abattre. Par jour nous pouvons abattre cent ânes. Le tout est exporté au Nigeria. Ça ne se consomme pas ici. Il y a une quarantaine de Maliens qui travaillent avec nous dont des filles et garçons. Nous sommes une vingtaine de Nigérians ».
Les élus de la commune de Fana démentent l’octroi d’une autorisation d’abattage d’âne dans leur commune. Selon eux, « seule la mairie est apte à délivrer cette autorisation, chose qui n’a jamais été faite ». Ils disent avoir été informés de l’existence de cet abattoir clandestin il y a quelques jours. « L’abattoir a été aussitôt interdit d’abattre depuis deux semaines », disent-ils.
Alpha Nouhoum Camara est Conseillé à la mairie de Fana. Il est joint par Ayouba Sow :
« C’est quand on s’en est rendu compte que nous sommes allés à la sous-préfecture pour dire que nous ne sommes pas d’avis, que la mairie n’est pas d’avis favorable à l’abattage d’ânes. C’est dans ce débat qu’on nous a dit que la viande n’est pas destinée à la consommation propre de la ville, mais plutôt pour le Nigeria.».
Est-ce que vous aviez effectué un tour au marché pour savoir si c’était vendu au Mali ?
« On a fait un tour. Ça ne se vend pas au marché Fanois même, officiellement, mais il paraît que des gens partent payer la viande sur place là où ils font l’abattage. Quand nous avons été informés de cet acte, nous avons pris des dispositions. Nous sommes allés à la sous-préfecture, de commun accord on a demandé au sous-préfet intérimaire d’interdire cette activité. Depuis ce jour-là, ça a été officiellement interdit. Nous faisons le tour tous les jours. Il n’y a plus d’abattage pour le moment ».
Selon le sous-préfet de Fana joint par notre rédaction, le propriétaire de l’abattoir détiendrait une autorisation d’abattage d’ânes délivrée par son prédécesseur. Toutefois, il lui aurait ordonné d’arrêter immédiatement l’abattre des ânes.