Bamako à l’instar de toutes les localités du Mali fait face à une pénurie d’eau en cette période de canicule. Pour pallier à ce problème, le Mali vient de signer une convention de financement avec l’agence française de développement un projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako. Cette convention d’un montant de plus de 41 milliards de francs CFA couvre trois projets notamment le projet de renforcement des capacités opérationnelles de la SOMAGEP s.a.
Mamadou Frankaly Keïta, ministre de l’Énergie et de l’Eau est au micro de nos confrères de l’ORTM :
«L’AFD a contribué à plus de 60 milliards de francs CFA. La première phase de Kabala qui permet la production de 244 millions de litres d’eau a été en partie financée par l’AFD. La seconde phase aussi, les 35 milliards de francs CFA qui viennent d’être octroyés au Mali, contribueront à la construction de la deuxième station qui va ramener la production totale de Bamako à 288 millions de litres d’eau par jour. Ceci est d’autant plus important qu’aujourd’hui le déficit d’approvisionnement en eau potable de la ville de Bamako est de 50 millions de litres par jour ».
Comme les années précédentes, ce manque d’eau potable qui se manifeste par les coupures récurrentes d’eau et le faible débit de l’eau serait dû à l’infériorité de l’offre à la demande des consommateurs. Selon les responsables de la Société Malienne de Gestion de l’Eau Potable, le projet de Kabala, opérationnel en 2018, produira 144 millions de litres d’eau par jour, pourrait mettre fin à cette crise d’eau.
Abdoul Karim Koné est directeur à la communication de la Société Malienne de Gestion de l’Eau Potables (SOMAGEP). Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Nous avons six unités de production qui ravitaillent la ville de Bamako et Kati. La capacité nominale de ces six unités de production est de 231 millions de litres d’eau par jour. La demande, aujourd’hui, s’exprime aussi en million, c’est 350 millions de litres d’eau qu’on nous demande par jour. Donc, le déficit ça évolue entre 118 millions de litres d’eau par jour. Le second problème, c’est parce qu’en réalité aujourd’hui, les quartiers qui sont en altitude ou qui se trouvent au bout du réseau de ravitaillement ont de la peine à trouver de l’eau. Parce que, ceux qui sont au niveau très proche de nos unités de production consomment l’eau avant qu’elle n’arrive vers ces quartiers en altitude et très éloignés du réseau. Le troisième point, c’est le problème d’instabilité dans la fourniture de l’électricité. Nous, nos équipements de production marchent avec l’électricité. À court terme, nous sommes en train de réfléchir pour mettre en place une opération qu’on appelle l’opération citerne. Cette opération consiste pour nous à prendre de l’eau dans les citernes et d’aller desservir les quartiers défavorisés. Ce projet commencera dans quelques semaines ».
Les populations de Bamako condamnent la pénurie incessante d’eau en cette période de canicule où le besoin s’accroît. Selon certains, « c’est un devoir pour le gouvernement de faciliter l’accès des populations à l’eau potable, car l’eau est une ressource vitale ». Ayouba Sow a recueilli les réactions de quelques Bamakois :
« En temps de chaleur, lorsque les gens se trouvent sans eau, qui est une ressource vitale à travers laquelle les Hommes sont appelés à se nourrir, c’est grave. En période de chaleur, il y a aussi beaucoup de besoins en eau. La pénurie peut engendrer une sorte de colère ».
« On a un problème d’eau potable. On est obligé d’utiliser les pompes à eau. C’est comme ça que nous vivons dans notre quartier. Ce n’est pas un problème d’argent. On a l’argent. On s’est plaint partout, mais jusqu’à présent il n’y a rien comme solution. Ils sont en train de nous tourner en rond ».
« Il y a des problèmes d’eau chez nous. Chaque fois, on craint des coupures d’eau. La coupure d’eau peut souvent commencer depuis tôt le matin jusqu’à 22 heures, voire 23 heures. Les conséquences sont énormes, parce qu’il n’y a pas de vie sans eau ».
« Tout le monde n’a pas le moyen de creuser un forage. Les fontaines publiques qui vendent de l’eau potable à 10 ou 20 francs par seau sont aussi victimes de coupure. Si les gens sont en manque d’eau à la maison pendant la coupure, comment pourront-ils vivre ? Impossible ! Ce n’est pas un problème de moyen. Comment l’État ou la SOMAGEP ne peut pas répondre aux besoins ? C’est quand même décevant. Nous les Maliens, nous vivons mal ».