Le Mali a célébré ce matin, la journée du 26 mars. Cette date marque la 25ème année de l’avènement de la démocratie au Mali. Selon des sources médicales, environ 300 personnes ont péri dans les manifestations de mars 1991. Ce matin le président de la République a déposé une gerbe de fleurs au monument des martyres à la mémoire des victimes. Le président Ibrahim Boubacar Keita :
« Pour notre peuple c’est un jour mémorable à tous égards, un jour fondateur. Chaque fois l’an révolu le souvenir de ceux par qui aujourd’hui est, grâce auxquels aujourd’hui est, c’est sacrifice pour lequel nous nous battons au quotidien pour qu’ils ne soient pas partis en vain. Ils ont espéré un Mali fraternel, un Mali pacifié, un Mali retrouvé en ses limites historiques, un Mali en paix et en amitié, en solidarité avec les peuples du monde. Ce Mali là, nous nous efforçons au quotidien de le bâtir quoi qu’on en dise. En un jour comme aujourd’hui à quoi servent les polémiques ? que chacun pense à ceux-là qui ne sont pas là aujourd’hui, mais qui nous voient ».
Il y a de cela 25 ans que le peuple malien en soif de liberté et de démocratie s’est soulevé contre le régime dictatorial du général Moussa Traoré. Un soulèvement qui a donné naissance à la troisième République. L’association des victimes du 26 mars regrette que 25 ans après justice n’est pas encore rendue aux familles des victimes de la répression de mars 1991. Elle se réjouit de l’espace de liberté retrouvé même si selon elle des efforts restent à faire pour consolider les valeurs démocratiques. Mme Sy Kadiatou Sow, membre de l’association pour la défense des victimes de mars 1991 est au micro de Ayouba Sow :
« Si on s’en tient aux parents des victimes; de ceux qui sont tombés sous les balles du régime dictatorial de Moussa Traoré, on ne peut pas dire que justice a été rendue. On ne peut pas rendre justice à ce niveau. Rien ne peut faire revenir ceux qui sont morts, mais ils ne sont pas morts pour rien. C’est heureux de voir que nous sommes dans un État de droit 25 ans après. Dieu merci que c’est encore les populations maliennes qui élussent leur président. C’est donc une façon de rendre hommage à ce sacrifice. Mais en même temps c’est aussi une interpellation à ne pas oublier que mars 1991 n’était pas seulement les revendications pour jouir de ses droits fondamentaux. C’était aussi créer des meilleures conditions de vie et de travail pour la majorité des populations. Ce combat doit continuer malgré tout ce qui a été fait ».
Pour certains observateurs, cette démocratie a permis d’acquérir plusieurs droits fondamentaux. Toutefois, ils estiment que beaucoup de problèmes restent à résoudre.
Gaoussou Drabo est éditorialiste. Il est au micro de Ayouba Sow :
« La liberté d’expression, les élections libres, tout ça sont des acquis de la démocratie. En 1991 les citoyens sont descendus dans la rue pour avoir une vie publique plus normale, pour avoir plus de droits d’expression, pour avoir plus de justice sociale. Toutes ces questions restent encore à résoudre à l’heure actuelle. C’est pour ça qu’il est bon qu’au moment de commémorer le 25ème anniversaire du 26 mars; qu’on fasse un travail de réflexion sur ce qui n’a pas été réussi; sur ce qui a dévié en cours de route et sur les attentes réelles des citoyens. Je pense qu’il ne faut pas sombrer dans le pessimisme. Il y a beaucoup de déceptions mais l’avantage de la démocratie, c’est la liberté qu’on a de poser le problème. Lorsque vous posez un problème, vous pourrez au moins chercher la solution. C’est ce qui n’existe pas dans le régime autoritaire. Nous, nous avons encore en tant que peuple malien la capacité de nous attaquer à ces problèmes. Je pense tout simplement à la crise très grave que nous avons connu en 2012. Il y a d’autres Etats à côté qui sombrent à cause de cela. Nous, nous avons été au fond du trou, mais l’instinct démocratique qui existe dans la population a permis de limiter les dégâts ».