Renvoyé il y a quelques semaines l’audience des charges contre Ahmad Al Faqi Al Mahdi va débuter demain mardi à la Hayes Le procureur entend montrer qu’il a suffisamment d’éléments prouvant que l’ancien responsable jihadiste a participé à la destruction des mausolées de Tombouctou en 2012.
C’est demain que va s’ouvrir devant la cour pénale internationale de la Hayes le premier volet du procès contre Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Premier jihadiste écroué par la CPI, il est également le premier suspect arrêté dans l’enquête de la Cour sur les violences de 2012-2013 au Mali. Il est poursuivi pour destructions d’édifices religieux et monuments historiques.
Lors de l’audience dite de confirmation des charges, prévue mardi et mercredi, le procureur arguera que son dossier contre M. Al Faqi, âgé d’environ 40 ans, est assez solide pour justifier un procès.
La destruction en 2012 de quatorze mausolées de saints musulmans par le groupe jihadiste malien Ansar Dine au nom de la lutte contre « l’idolâtrie » avait dès lors provoqué l’indignation à travers le monde. Selon le mandat d’arrêt émis contre Ahmad Al Faqi, ce dernier est responsable de crimes de guerre. En tant que chef présumé de la « Hesbah« , la brigade des mœurs, il aurait dirigé et participé personnellement aux attaques contre neuf mausolées et une des plus importantes mosquées de la ville, Sidi Yahia, entre le 30 juin et le 10 juillet 2012.
L’association des victimes de la crise du nord se réjouit du début du procès d’Abou Tourab à la CPI demain. Cependant ses responsables demandent qu’il soit poursuivi pour l’ensemble des charges, notamment les violences faites aux personnes. Selon le coordinateur régional de l’association à Tombouctou, les organisations de défense des Droits de l’homme ont présenté ce matin un communiqué qui devrait être soumis aussi à la cour pénale internationale.
Abdoulaye Touré est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« On se réjouit qu’un criminel de cette envergure soit saisi par la CPI. Si aujourd’hui la CPI est en train d’enclencher une procédure contre M. Abou Tourab, je crois que c’est une très bonne chose. Mais nous nous maintenons qu’il soit poursuivis pour toutes les charges, y compris les charges de violences et autres crimes. Et on a déjà engagé un communiqué qui sera porté à la connaissance de la CPI pour cela. Et je viens d’une mission à Gao, c’était une rencontre des associations de victimes de Gao, de Kidal et de Tombouctou. Nous on prête vraiment l’oreille à tout ce qui se passe et qui concerne les procédures de justice transitionnelle, les procédures de crimes commis pendant cette période d’occupation et même après l’occupation. On a 33 plaintes qui sont déposées à la justice ici à Bamako, mais pas mot, silence de mort. Il est temps que les autorités maliennes aussi emboîtent le pas pour que la justice soit rendue et que la lutte contre l’impunité soit pas un vain mot ».