Après les attaques d’hier contre la base de la Minusma à Tombouctou, les autorités militaires ont renforcé les mesures de sécurité dans la ville et aux alentours. Les patrouilles sont en cours pour traquer d’éventuels complices.
Selon des sources militaires, le bilan de ces attaques fait état de quatre morts dont un officier de l’armée et cinq blessés. « Deux présumés complices auraient été arrêtés pour motif de détention d’armes de guerre ».
Colonel Souleymane Maïga, directeur de la direction de l’information et relations publiques des armées fait le point de la situation. Il est joint par Ayouba Sow :
« Le bilan n’a pas évolué. Deux terroristes ont été neutralisés en plus du terroriste qui a fait exploser son véhicule. Donc, ça nous fait trois terroristes tués. Nous dénombrons également un mort et cinq blessés au niveau des forces armées maliennes. Suite à cette attaque, le ministre de la défense et des anciens combattants a tenu à informer l’opinion nationale et internationale. Ce matin il s’est déplacé à Tombouctou pour témoigner de la solidarité de toute la nation malienne à la famille du défunt et aux forces armées maliennes qui se trouvent sur place à Tombouctou et qui ont fait un bon travail ».
Quel est l’état de santé des cinq blessés ?
« Pour le moment ça va. Leur pronostique de vie n’est pas en danger. Ils sont pris charge sur place ».
A l’heure où on parle, est-ce qu’il y a eu des arrestations ?
« Les investigations sont poussées à tous les niveaux. Certains éléments suspects auraient été appréhendés avec des armes de guerre. Ces éléments sont mis à la disposition de la gendarmerie ».
Ces personnes arrêtées sont au nombre de combien ?
« Les enquêtes sont en cours. Pour le moment on nous a fait cas de deux personnes ».
Les autorités de Tombouctou ont rendu ce matin un dernier hommage au commandant Karim Niang, décédé hier lors de l’attaque du camp de la MINUSMA. Le ministre de la défense et des anciens combattants Tieman Hubert Coulibaly était présent à la cérémonie aux côtés de la famille du défunt.
C’est dans ce contexte d’insécurité dans la région qu’une commission de patrouilles mixtes vient d’être mise en place à Tombouctou. Elle est composée par les Famas et des éléments de la plateforme et de la CMA pour sécuriser la région. Selon les élus de Tombouctou, la mise en place de cette commission va contribuer à intensifier la lutte contre le terrorisme.
Hallé Ousmane, est le maire de la commune urbaine de Tombouctou. Il est joint par Mahamane Almaimoune :
« C’est une commission qui est là pour les patrouilles mixtes. Il y a l’État malien, la plateforme et la CMA. Sa mission, c’est de sécuriser la région de Tombouctou comme ils ont fait à Gao. Sécuriser les villages et les fractions. Voilà pourquoi on a décidé de mettre ces patrouilles en action. Les trois parties sont ensemble dans le même véhicule pour traquer les bandits. On a vu que ça serait très efficace que tous les signataires de l’accord soient ensemble pour appliquer ce qui est convenu dans l’accord».
Selon certains observateurs, Tombouctou reste une cible pour les terroristes à cause justement de sa position géographique et de la présence d’une base importante d’ AQMI notamment celle de l’émir du Sahara.
Serge Daniel journaliste, spécialiste des questions de sécurité est joint par Mahamane Almaimoune :
« La base d’AQMI dans le nord du Mali c’est dans la région de Tombouctou. C’est là-bas que vous retrouvez selon les experts et différentes sources sécuritaires, le fameux Yéhia Abu Hammar qui est le représentant de l’émir d’AQMI dans le nord du Mali, celui qu’on appelle l’émir du Sahara ».
Est-ce que la position géographique même de Tombouctou n’y est pas pour quelque chose ?
« C’est possible, parce que c’est une région très vaste. Vous savez par exemple Kidal est plutôt contrôlée en partie.Vous avez Kidal, vous avez Tessalit, vous avez toutes ces localités où les forces Onusiennes sont présentes. Ça c’est important alors que le désert de Tombouctou est plus vaste et plus inoccupé. Vous pouvez parcourir une centaine de kilomètres sans rencontre une trace de vie ».
Selon le président de la chambre de commerce de Tombouctou, l’attaque survenue hier dans la ville a eu un impact négatif sur les affaires. Certains commerces sont toujours fermés. Une situation qui inquiète les commerçants qui déplorent les attaques des marchandises.
Papa Kanssaye, est le président de la chambre de commerce de Tombouctou. Il est joint par Ayouba Sow :
« Hier le commerce était un peu timide, l’ouverture des boutiques était un peu timide. Mais aujourd’hui on peut dire que ça va. Si ces attaques continuent, bien sûr il y aura la pénurie de certains produits. Parce que nous sommes tributaires des pays voisins comme l’Algérie et la Mauritanie pour la plupart de nos produits de première nécessite. Donc, si ces attaques continuent nous serons certainement en crise de ces produits tels que le lait, le sucre, le thé et la farine. Ces attaques ont un impact néfaste sur l’économie de la région dans la mesure où nos commerçants ne peuvent plus ravitailler la ville. Parce que les routes ne sont pas sécurisées. Donc, ils craignent que des bandits n’attaquent leur camion de marchandises. Parce que chaque fois que des passagers quittent Tombouctou ou viennent à Tombouctou, les véhicules sont en général attaqués. Les bandits leur retirent tout ce qu’ils ont. Si c’est des camions de marchandises, ils attaquent le camion. Ils prennent tout ce qu’ils veulent avant de disperser le reste dans la brousse ».