Les enquêtes se poursuivent dans l’affaire de l’assassinat des trois jeunes à Tombouctou. Les enquêteurs sont peu bavards sur l’évolution du dossier, mais assurent qu’elle avance. De sources locales, « trois personnes ont été arrêtées, dont un militaire qui serait l’auteur de la tuerie ».
Une semaine après l’assassinat des trois jeunes devant la radio « Tahanint » de Tombouctou, très peu d’informations filtrent sur l’évolution des enquêtes. Mais selon certaines sources, les premiers éléments de l’enquête écartent la piste terroriste. Selon elles, l’assassinat « n’a rien à avoir avec le caractère confessionnel de la radio » devant laquelle les jeunes ont été tués. Selon ces sources, tout porte à croire qu’« il s’agirait d’une vengeance » partie d’un banal incident.
Voici la réaction d’un habitant de la ville de Tombouctou, parent d’une des victimes. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« Pour le moment, ce ne sont pas des informations très sûres, mais tout laisse à croire que cet assassinat a été l’acte d’une vengeance d’un supposé militaire qui aurait surpris un jour l’un de ces trois jeunes qui ont été assassinés avec sa fiancée. Le jour de l’assassinat, le militaire est sorti d’une école et il les a fusillés. Les enquêteurs ont été voir la fiancée en question. Et la fille étant trop frustrée, a fini par avouer aux enquêteurs ce qui s’est passé. Donc c’est à partir de ce niveau qu’ils ont remonté la chaîne pour retrouver le militaire. Pour le moment, trois personnes sont en détention, le militaire, la fiancée et le gardien de l’école ».
Quelle est la situation actuelle dans la ville ?
« Les gens se couchent maintenant à partir de 20h. Il y a des patrouilles militaires et même policières. Et surtout le quartier dans lequel s’est passé l’incident, Amanbangou, il y a plus de Grin parce que le danger est vraiment là ».
Au même moment dans la région de Mopti, l’insécurité continue de sévir. Un commerçant a été enlevé la semaine dernière, puis décapité à Issey dans le cercle de Douentza. Les assaillants soupçonnent la victime d’être « un informateur des services de sécurité ». Selon des témoins sur place, les assaillants pourraient être des terroristes. Ils sont retournés dans le village pour présenter la tête de la victime à la population, avant d’enlever le fils du chef du village. Les habitants dénoncent une « insécurité grandissante » et « l’absence de dispositions sécuritaires » dans la localité.
Réaction d’un habitant du village d’Issey joint par Mariam Coulibaly :
« Depuis le lundi 14 décembre, les bandits armés sont venus à Issey pour enlever un commerçant. Ils ont ramené sa tête le jeudi 17 de ce mois, et après ils ont enlevé le fils du chef du village. Jusqu’à présent, on n’a pas de ses nouvelles. Issey se trouve dans la commune de Mondoro à 120 km de Douentza. Les assaillants disent que le commerçant était un indicateur lorsque les militaires étaient à Issey. Il est accusé par les hommes armés d’avoir logé des militaires quand ceux-ci étaient arrivés à Issey ».
Qu’est-ce qu’ils reprochent au fils du chef de village ?
« Point d’interrogation. Il n’y a que des gardes à Mondoro, mais nous la population de Issey, on est laissé à notre sort. Personne ne nous regarde, il n’y a pas d’autorité ».
A Ménaka, la plate-forme, elle, affirme avoir reçu 12 corps de ses combattants « tués lors d’un raid de l’opération Barkhane » la semaine dernière à In-Arabane à 65 km de Ménaka. La remise des corps a eu lieu le vendredi dernier à Gao et l’enterrement s’est effectué le même jour. La plate-forme interpelle le gouvernement malien et exige que la lumière soit faite dans cette affaire.
Aliou Touré est le commandant de la base militaire de la CMFPR1, membre de la plate-forme à Ménaka. Il a été joint au téléphone par Imirana Kilou Maiga :
« La Barkhane nous a remis les corps, ce sont des corps complètement détruits. Ils ont été criblés et détruits par l’aviation de Barkhane. Donc on a reçu douze (12) corps, qu’on a pu enterrer. On ne pouvait même pas les déplacer, par ce que ce sont des corps qui ont restés cinq (5) jours après. Ils sont tellement enflés, il y’ a même des vers qui traînent dans leurs corps si bien qu’on pouvait pas les approchés, ni les identifier. Les forces Barkhane nous ont dit bien qu’elles étaient en opération contre les terroristes. Selon Barkhane, les gens qu’elle a ont tués, avaient des armes, ils avaient des explosifs. Nous avons répondu que dans un rayon de 100 kilomètre, on ne peut pas être dans cette zone en tant que groupe armé sans être armé. Et des explosifs ne sont pas interdits contre l’ennemi. Nous leur avons dit non, car notre dispositif n’est pas terroriste. Ces combattants étaient des gens en plaine sensibilisation pour expliquer les accords aux populations. Et ils étaient aussi en sensibilisation par ce que il y’ a un problème inter-communautaire a éclaté dans la zone, notamment entre les Daoussahak et les Peuls ».
Jointe par notre rédaction, l’opération française Barkhane n’a pas souhaité commenter cette déclaration. Il y a quelques jours, elle affirmait avoir été confrontée « à un groupe terroriste pendant quatre heures » près de la frontière avec le Niger.