Les nations unies ont publié mardi deux rapports sur la situation des droits de l’Homme au Mali. Ces deux documents mettent en cause les groupes armés du nord et les forces armées maliennes dans les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises dans le pays. Selon ces rapports, des enquêtes doivent être menées pour faire la lumière sur ces violations et mettre fin à l’impunité.
Ces rapports documentent de graves violations et abus des droits de l’homme et du droit international humanitaire commis en mai 2014 et 2015. Ces violations et abus sont imputés aussi bien aux groupes armés du nord qu’aux forces armées maliennes.
Parmi les crimes commis par les groupes rebelles, figure la mort de huit personnes, dont six membres de l’administration malienne, parmi lesquelles certaines auraient été exécutées sommairement.
Ils sont également accusés d’avoir recruté et utilisé des enfants dans les hostilités, procédé à des arrestations et détentions illégales avec des traitements cruels, inhumains ou dégradants, entre autres.
Selon le rapport, les Forces armées maliennes (FAMa) ont, quant à elles, utilisé des armes lourdes de façon indiscriminée dans la ville de Kidal en direction de zones habitées par des civils. «Ces actes pourraient constituer des crimes de guerre s’ils sont qualifiés devant un tribunal compétent», précise le document.
Le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) est également mis en cause pour avoir exécuté sommairement des personnes suite à un affrontement avec la CMA à Tin Hama dans le cercle d’Ansongo. Selon le document, les autorités n’ont ouvert aucune enquête au sujet de ces événements.
Pour le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, les autorités maliennes ainsi que les groupes armés signataires doivent s’engager à garantir la justice et mettre fin à l’impunité. Une étape indispensable pour régler les causes profondes de la crise.
Pour certains observateurs, « cette tâche reste très compliquée sans la présence de l’État sur tout le territoire ». Ces analystes estiment que l’État ne pourrait pas mener des investigations sérieuses alors que l’administration est absente sur une grande partie du territoire dans le nord du pays.
Baba Dakono fait partie de ces observateurs. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo.
« C’est très compliqué. Encore une fois on revient à la question du fait qu’il n’y a pas une présence de l’armée ou des forces de sécurité maliennes qui puisse permettre de faire les investigations nécessaires, qui puisse permettre de rétablir qui est en cause qui est effectivement responsable de ce qui s’est passé. Donc on va dire que les nations unies sont dans leur rôle de vouloir garantir les droits humains dans ces régions. Mais il faut que les conditions soient réunies pour pouvoir étudier effectivement ce qui s’est passé. Et ce n’est pas aujourd’hui évident pour le Mali dans la situation dans laquelle le pays se trouve, et le contexte qui est caractérisé par une recherche de paix durable de répondre à toutes ces aspirations et de pouvoir mettre tout le monde en phase par rapport à cette question de justice ».