La CMA annonce avoir repris la ville d’Anéfis hier dans la matinée. Ce retour intervient quelques jours après le retrait de la Plateforme de cette localité. Cette reprise de la ville par la Coordination aurait été faite sans affrontement, selon les responsables de la coordination. La Plateforme a confirmé ce retour de la CMA à Anéfis. Cependant elle déplore « la reprise des exactions dans la localité ».

Dans un communiqué, la CMA affirme avoir pu « regagner la localité d’Anéfis, et cela conformément aux positions stipulées dans l’accord de paix », dit-elle. Selon ses responsables, cette reprise de la ville a été faite sans affrontement puisque la Plateforme a quitté la ville.
Des sources locales confirment le retour de la CMA à Anéfis. Ces mêmes sources affirment aussi que « la Coordination est en train de mobiliser la population pour qu’elle tienne une marche en sa faveur ».
La CMA aurait d’abord commencé à renforcer ses positions à Tessalit et à Aguelhoc, dans la région de Kidal. Ensuite, les combattants de la coordination ont pris la direction d’Anéfis. Sur place dans la localité, la CMA affirme n’avoir rencontré aucune résistance.
Dans son communiqué, la Coordination déclare également qu’elle « s’accordera désormais le droit et le devoir de se défendre en cas d’agression et répliquera à toutes les provocations engagées par les autres parties ».

La Coordination des mouvements armés déclare avoir pris « le contrôle total d’Anéfis ». Selon ses responsables, « les populations de la localité ont favorablement accueilli les combattants de la CMA ».
Almou Ag Mohamed est le porte-parole de la CMA. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Nous sommes de retour à Anéfis. Nous n’avons pas trouvé de résistance sur place parce que juste avant notre arrivée les groupes de la Plateforme ont débarrassé les lieux. Nous avons le contrôle total d’Anefis et ses environs. La population nous a favorablement accueillis contrairement à ce que laissent entrevoir nos frères de la Plateforme. Et les populations qui ont quitté Anefis après sa reprise par les éléments de la Plateforme sont en train de revenir aujourd’hui à Anéfis ».
Quelle a été la réaction des casques bleus et est-ce qu’ils sont d’accord avec votre retour ?
« Nous leur avons rendu visite hier quand nos éléments sont rentrés à Anefis pour leur signifier notre intention de ne pas entraver leur mission de protection des populations et leur signifier que nous revenons à Anéfis dans le cadre de l’accord qui a été signé, car Anefis a toujours été une de nos positions ».

La Plateforme confirme le retour de la CMA à Anéfis. Cependant le mouvement d’autodéfense déplore « la reprise des exactions dans la localité ». Ses responsables demandent donc à la Minusma d’« assumer ses responsabilités ».
Mohamed Ould Mettali, député élu à Bourem, membre de la Plateforme est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :

« Je confirme le retour de la CMA à Anéfis, parce que depuis qu’ils sont rentrés hier ils ont tué un des nôtres, un civil. Ils étaient deux à motos à la sortie d’Anéfis pour aller à l’ouest. Ils en ont tué un. On a constaté la mort du monsieur ce matin. Cela veut dire que les mêmes exactions dont on avait peur ont commencé ».
Selon un des responsables de la CMA, la population a accepté leur retour ?
« Non, celui qui est mort, il est de la population. Quand tu as des armes braquées sur des gens qu’est-ce-qu’ils vont dire ? Ce que nous, nous déplorons aujourd’hui c’est comment la Minusma a accepté que ces gens-là rentrent hier alors qu’ils ont tué le monsieur. Cela veut dire qu’il faut que nous aussi on rentre. Parce que même quand la Minusma est là-bas, on tue les gens. Et nous-même, on a demandé à la Minusma de venir constater le corps, mais ils n’ont pas bougé d’un iota. Ce que je lance comme appel, c’est que la Minusma n’assume pas ses responsabilités. Quand tu dis que tu assumes la responsabilité de protéger les populations et leurs biens, ce n’est pas de venir dans une chambre et s’asseoir. C’est de tourner, c’est de contrôler, c’est de voir, c’est de comprendre ce qui se passe. C’est ça en réalité la protection des personnes et de leurs bien ».

Pour certains observateurs, le retour de la CMA à Anefis était prévisible. Toutefois, ces analystes estiment que « la Minusma est partiale dans la gestion de la crise malienne ». Selon eux, « si la mission onusienne n’assume pas ses responsabilités elle pourrait être un obstacle dans l’application de l’accord de paix ».
Etienne Fakaba Sissoko, est chercheur au centre d’études et d’analyses politiques et économiques. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« On ne pouvait que s’attendre à ce retour de la CMA à Anéfis. Mais ce qui est paradoxal, de mon point de vue, c’est le fait qu’au même moment où nous sommes en train de libérer la place pour soi-disant permettre aux groupes armés de récupérer leur position. Au même moment à Inafaraq, il y a eu des affrontements hier pour déloger la Plateforme de l’une de ses positions. Et, tout cela se passe devant ceux-là qui ont la responsabilité aujourd’hui d’assurer la stabilité dans notre pays, à savoir la Minusma. Si nous continuons sur cette lancée, il est clair que dans un avenir proche la Minusma risque d’être un véritable frein au processus de paix qui est ainsi enclenché. Il y avait une seule chose à faire, c’était de permettre à l’armée malienne conformément à l’accord, accompagnée évidemment par la Minusma, de pouvoir sauvegarder la vie des populations ».

Malgré nos tentatives, la Minusma n’a pas voulu, pour le moment, réagir sur ce retour de la CMA à Anéfis.