24 heures après la reprise des affrontements entre la CMA et la Plateforme à Inafarak, sur place la tension reste vive entre les belligérants. Des deux cotés, on conteste le bilan des victimes et on affirme tenir Inafarak.
Les deux camps ont déclaré que les combats n’avaient pas repris ce vendredi matin. Pour autant, la radicalisation des positions de part et d’autre est réelle.
La CMA a déclaré que les hostilités sont désormais ouvertes et cela tant que la Plateforme n’aura pas rejoint ses positions d’avant le 20 juin, date de la signature de l’accord d’Alger. La Coordination affirme même qu’elle a repris Inafarak. Une information démentie par la Plateforme qui déclare toujours occuper cette position en indiquant que ses combattants ont saisi des véhicules de la CMA et constaté que celle ci avait laissé des corps de ses combattants sur le terrain. Les groupes d’autodéfense ont réaffirmé qu’il n’est pas question pour eux de quitter Inafarak.
Attaye Ag Mohamed au nom de la Coordination parle de 15 morts durant les combats d’hier dont 13 sont des membres de la Plateforme, a-t-il précisé. Mehdi Ag Almoubareck, porte-parole du Gatia, a quant à lui fait état de 17 morts, dont 14 dans les rangs de la CMA.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad radicalise son discours vis à vis de la Plateforme. Selon son porte-parole, la Plateforme s’entête toujours à s’aventurer sur de nouvelles positions. Almou Ag Mohamed est joint au téléphone par Assetou Kanté.
« La Plateforme a été chassée d’Inafarak hier. Et les hostilités sont désormais ouvertes du côté de la CMA, tant que la Plateforme n’aura pas regagné ses positions d’avant le 20 juin. Je pense la CMA à assez tiré la sonnette d’alarme. Les milices pro-gouvernementales n’ont cessé depuis tout ce temps de s’aventurer sur les zones sous contrôle de la CMA en vertu de tous les accords qui ont été signés jusque là. Nous avons utilisé tous les créneaux possibles pour que cette situation ne dégénère pas. Mais l’entêtement de nos amis de la Plateforme d’occuper de nouvelles positions nous a amené hier à ouvrir les hostilités. Je pense qu’il est temps que les garants de cet accord fassent leur preuve. Il faut mettre un peu d’ordre dans cet accord, sinon qu’elle sera sa valeur finalement ? »
La Plate-forme affirme avoir été attaquée par la CMA hier. Selon elle, la CMA viole une nouvelle fois le cessez-le-feu. Ses responsables estiment qu’il faut vite mettre en place le cantonnement et la démobilisation. Mohamed Ould Matali député élu à Bourem, membre de la Plateforme est joint au téléphone par Assetou Kanté.
« Inhalid c’est là où il y’a la CMA, la Plateforme elle est à Inafarak. Ils les ont attaqués avec trente véhicules. Il y a eu des morts de leur côté ».
Vous êtes toujours à Inafarak ?
« Toujours dans nos mêmes positions. Vous savez que quand on parle de violation, c’est quand il s’agit de nous. Mais quand il s’agit de la CMA il n’y a jamais de violation de cessez-le-feu. Il y a toujours une volonté accompagnée. Pour eux, ils sont toujours dans les normes et ils sont soutenus. La zone où il y a eu les combats tout le monde sait que c’est Inafarak. Donc ce n’est pas Inhalid. C’est ce qui fait cette fois-ci que tout le monde reconnait qu’en réalité ils ont violé le cessez-le-feu. Sinon la première fois c’était la même chose. Ils ont violé le cessez-le-feu. Mais comme ils ont perdu les combats et que la Plateforme a eu à prendre un coin bien connu, on accuse la Plateforme d’être violeur de cessez-le-feu alors ce n’est pas normal. Moi, je crois qu’il faut aller aux accords. Il faut aller en cantonnement et en démobilisation ».
Cette reprise des hostilités préoccupe la Minusma. Selon elle, ces affrontements affectent l’environnement sécuritaire et pourraient avoir un impact très important sur le déroulement du processus de paix. La Minusma appelle donc les parties à respecter les engagements qu’elles ont pris. Radhia Achouri, porte-parole de la Minusma au micro de Barké Cissé.
« Ça nous préoccupe profondément d’abord, parce que ça affecte énormément l’environnement sécuritaire et la sécurité des civils. Mais ça peut avoir un impact très important sur la marche du processus de paix qu’on doit tous surtout les parties maliennes s’activer à mettre sur les rails. On s’attend à ce que les partis respectent scrupuleusement les engagements qu’ils ont pris dans l’accord de paix qu’ils ont signé. C’est une promesse qu’ils ont faite à leur propre population, c’est une promesse qu’ils ont faite à la communauté internationale qui s’est toute ralliée dernière le Mali, le gouvernent malien et tous les maliens pour avancer sur le chemin d’une paix durable et mettre une fin durable à la crise malienne. »
Le coordinateur militaire du COMPIS 15 lance un appel à tous les groupes armés. Il demande l’implication de tous les maliens sans exclusion pour parvenir, à l’application de l’accord de paix d’Alger. Par ailleurs il rappelle que le dépassement des clivages est plus que jamais nécessaire.