Face aux défis du terrorisme et du trafic transfrontalier, le Mali et la Mauritanie décident de conjuguer leurs efforts pour la sécurisation de leurs frontières communes. Les experts des deux pays ont planché ce week-end à Bamako sur la question. Plusieurs recommandations sont sorties de ces deux jours de travaux. Pour certains observateurs, cette coopération militaire pourrait être efficace à condition qu’elle soit sincère et s’élargisse aux autres pays du champs.
Il s’agit entre autres, de l’échange des renseignements entre les forces de défense, de Sécurité et de Douane, l’implication des populations dans la lutte contre la criminalité transfrontalière, la poursuite des malfaiteurs au-delà de la frontière des deux pays.
Aussi, les patrouilles bipartites menées par les forces de défense et de sécurité des deux pays, seront renforcées. Le Mali et la Mauritanie partagent plus de 2000 kms de frontière commune. A cette frontière se trouve la forêt de Ouagadou, principale base arrière des groupes terroristes qui mènent régulièrement des attaques dans le centre du Mali. La dernière est celle intervenue le mois dernier à Nara, où un groupe de jihadistes se réclamant du mouvement Ançardine a attaqué la ville.
Suite à la multiplication de ces attaques, les autorités maliennes ont décidé de mettre l’accent sur la coopération transfrontalière. Cette deuxième rencontre s’inscrivait dans ce cadre. Elle est aussi la preuve de la normalisation des relations entre le Mali et la Mauritanie après un moment de crispation. En 2012, la Mauritanie ayant reproché au Mali d’être « le maillon faible » dans la lutte contre le terrorisme.
La coopération sécuritaire entre le Mali et la Mauritanie peut-elle être efficace dans la lutte contre le terrorisme? Certains observateurs estiment que « oui ». « Mais à condition que les deux pays jouent franc jeu », ajoutent-ils. Selon ces analystes, le partenariat entre les deux pays en matière de sécurité « manque de sincérité ».
Pr. Issa Ndiaye est philosophe, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il a été joint par Sékou Gadjigo.
« Il y a une question de fond en ce qui concerne les rapports entre le Mali et la Mauritanie, c’est la sincérité de ce partenariat là. Dernièrement il faut dire que la Mauritanie est devenue la principale base arrière des mouvements rebelles. Il est à remarquer que pratiquement toutes les attaques qui ont eu lieu aussi bien dans la région de Mopti que dans la région de Koulikoro donc la zone de Nara, chaque fois que les groupes armés attaquent, ils se réfugies en Mauritanie et c’est notoirement connu. Il y a eu à l’époque des patrouilles mixtes entre le Mali, la Mauritanie et la France dans la forêt de Ouagadou, mais cela n’empêche pas les attaques qui sont assez récurrentes. Ça veut dire qu’il y a un problème de fond il faudrait que la Mauritanie se prononce clairement par rapport à ses soutiens. Et aussi au fait que son territoire constitue aussi une zone de trafic notamment de trafic de drogue »