Des hommes armés non identifiés ont attaqué tôt ce matin la ville de Nara, près de la frontière mauritanienne. Aucun bilan officiel n’était disponible et les combats étaient toujours en cours jusqu’à la mi-journée. Cette attaque est la première qui a visé cette localité située à quelques 400 kilomètres à l’ouest de Bamako.
Selon des témoins, c’est aux environs de 05 heures que des tirs à l’arme lourde ont été entendus. « Les assaillants sont venus à moto et certains sont rentrés vers le côté Est et d’autres du coté Ouest », a précisé un habitant. Ils se sont ensuite dirigés vers le camp militaire de la ville où de violents combats les ont opposé aux forces armées maliennes.
Toujours selon la même source, les assaillants qui scandaient « Allah Akbar » se sont finalement repliés vers la grande mosquée de la ville avant de prendre la fuite. Les populations paniquées se sont terrées chez elles. Aucun bilan officiel n’était encore disponible à la mi-journée et les tirs étaient toujours entendus dans la ville. Toutefois, certains habitants faisaient état de plusieurs morts du côté des assaillants.
Selon plusieurs sources, un renfort de l’armée est arrivé dans la ville où un calme précaire règne sur place. Cette attaque est la première qui a visé cette localité située non loin de la frontière mauritanienne. Elle intervient une semaine après la signature par les mouvements rebelles de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Les combats ont été violents et ont duré plusieurs heures comme nous le témoigne un habitant joint au téléphone par Sékou Gadjigo: « L’attaque a eu lieu aux environs de 05 heures du matin. Jusqu’à l’heure où je vous parle les tirs continuent, même si la tension a baissé maintenant. Les assaillants ont pris la fuite par le côté Est pour aller vers Diré, en direction de la forêt de Ouagadou. Les gens commencent à sortir de leur maison pour s’informer de la situation. Il y a un tir qui vient de retentir, Vous entendez les tirs ? Je suis dans le centre de santé de référence qui est à zéro mètre du camp. On a fait sortir les malades et même le personnel pour les emmener dans les familles environnantes à peu près à 200 mètres ».
La signature de l’accord de paix et de réconciliation par la CMA avait suscité chez beaucoup de maliens l’espoir d’un retour à la normale. Mais certains observateurs estiment que l’engagement des groupes rebelles ne suffit pas pour avoir la stabilité. Selon ces analystes comme Serge Daniel, il faut la création d’une troupe d’élite internationale pour lutter de façon permanente contre les narco-jihadistes dans le Sahel.
Serge Daniel est journaliste écrivain. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo.
« Il faut savoir quand même que ça s’est passée dans une localité où il y a une forêt du nom de Ouagadou. Et depuis plusieurs années vous avez des islamistes qui sont dans cette forêt là. Et ce n’est pas du tout exclu que ce soient ces islamistes qui soient venus dans la ville de Nara. C’est vrai que ça intervient une semaine après la signature de l’accord par la CMA. Est-ce qu’il faut voir un lien ? Bon oui et non. Oui, parce que probablement ces islamistes ont voulu dire nous, nous ne nous reconnaissons pas dans cet accord là. Mais non aussi, parce que ce sont des gens qui ont peut-être agis pour d’autres motivations. Les enquêtes sont en cours il faut attendre pour voir ce que ça va donner. Ma conviction profonde est qu’à côté du processus de paix, de dialogue qui est en cours, je reste persuader qu’il faut forcement sur tout le territoire national et dans le sahel une troupe d’élite internationale capable de lutter efficacement contre les jihadistes, contre les trafiquants. Si on ne fait pas cela, les choses ne vont pas changer à mon avis ».