La grogne ne faiblit pas à Ménaka. Après les rassemblements de dimanche et lundi, les manifestants sont à nouveau sortis ce matin dans les rues. Les marcheurs réclament le maintien des groupes armés de la plate-forme dans la ville . Selon des sources locales, plusieurs dizaines de jeunes venus de Gao se sont joints aux manifestants.
La marche qui a démarré aux environs de 8 heures est partie de la place de l’Indépendance avant de se diriger vers la sortie de la ville Selon un manifestant, le mouvement d’aujourd’hui s’inscrit dans la continuité des manifestations contre le retrait de la plate-forme de Ménaka. « Il n’ est pas question de faire sortir la plate forme. C’est grâce à elle que nous avons retrouvé la liberté », a averti hier un des organisateurs de la marche.
Les manifestants disent redouter pour leur sécurité après le départ de la plate-forme. Généralement les manifestants déclarent ne pas faire confiance à la Minusma qui a permis, selon eux, l’entrée de la CMA dans la ville. Selon des sources locales, plusieurs dizaines de jeunes de Gao se seraient rendus dans la ville pour apporter leur soutien aux manifestants.
Une information en partie confirmée par les organisateurs de la marche qui n’ont pas donné de chiffres précis. Une délégation de la Minusma est depuis ce matin à Ménaka pour faire le point de la situation sur place. Selon les manifestants, la délégation doit rencontrer les jeunes ainsi que des leaders coutumiers.
La semaine dernière, un arrangement sécuritaire a été signé par le Gouvernement du Mali et les groupes armés de la coordination. Ce texte qui n’a pas été signé par la plate-forme exige le retrait de celle-ci de Ménaka.
De son côté la CMA pose des préalables à sa signature du 20 juin prochain. C’est du moins ce qu’a laissé entendre son représentant Attaye Ag Mohamed, dans l’émission le Grand dialogue de ce lundi. Selon lui, des questions telles que la situation à Ménaka doivent être réglées avant cette date.
Attaye Ag Mohamed, chargé des droits de l’Homme au sein du MNLA
« Il faut d’abord reconnaître qu’il y a eu un large travail de discussions pour qu’on puisse un jour espérer tomber d’accord sur une signature. Je voudrais quand même rappeler que Billal Ag Chérif a bien dit que : « si tout se passe bien, la CMA signera le 20 ». Cela veut dire qu’il y a beaucoup de choses aussi par rapport à la question de Ménaka qui restent à discuter, à régler, et à achever la signature du relevé. Parce qu’il a dit : si tout se passe bien, d’ici le 20 juin prochain nous pourrons signer l’accord de paix avec ce qui a été joint comme relevé prenant en compte nos amendements. Espérons que l’ensemble des parties entendront qu’à un moment donné il faut arrêter les choses qui peuvent conduire à l’embrasement total ».
Certains observateurs estiment que la situation qui prévaut à Ménaka pourrait constituer une autre impasse. Selon eux, la médiation devrait penser à ouvrir des discussions avec la plate- forme pour débloquer cette situation. Pour ces observateurs, comme Baba Dakono, juriste chercheur joint par Sékou Gadjigo, un report de la signature du 20 juin est toujours possible.
« Le principal acteur concerné par cet arrangement sécuritaire reste quand même la plate-forme. Et au moment de la signature si la plate-forme n’était pas d’accord avec les conditions qui ressortent de cet accord, il aurait fallu ouvrir des discussions avec elle , l’emmener à accepter les conditions, ou prendre en compte les propositions dans l’accord sécuritaire et c’est ce qui nous amène aujourd’hui dans cette impasse. Quand même il n’est pas envisagé d’ouvrir une solution militaire. Aujourd’hui la plate-forme se trouve dans une position d’ailleurs plus légitime que celle d’autres groupes armés dans la mesure où elle est aujourd’hui adulée et soutenue par une grande partie de la population tant au nord qu’au sud. Peut-être la signature sera repoussée, mais dans tous les cas la coordination a tout intérêt à signer ce document ».