L’arrangement sécuritaire signé la semaine dernière à Alger demandant le départ de la plate-forme de Ménaka provoque l’hostilité de la population. Celle-ci a manifesté hier et aujourd’hui encore, pour montrer son opposition à cet accord.
Les manifestants ont demandé le maintien de l’armée et du Gatia dans la ville affirmant qu’ils ne seront pas protégés après leur départ. Selon eux « la Minusma seule ne pourra pas empêcher les combattants de la CMA de commettre des exactions sur la population ».
Bouhayna Mohamoud Baby Président de la coalition pour la paix et la stabilité dans le cercle de Ménaka au micro de Oumar Waïgalo.
« Ceux qui prennent les décisions devront tenir compte des aspirations et préoccupations de la population de Ménaka. Que des individus ne se mettent pas à la place de la population de Ménaka. C’est cette population qui a souffert pendant plus de 11 mois sous le joug du MNLA et de ses alliés. Et c’est grâce à la vaillante armée de la plate forme qu’elle a retrouvé la liberté et a vu sa dignité rétablie. Aujourd’hui, pour nous, il n’est pas question de faire sortir la plate forme de Ménaka, si l’armée malienne n’est pas à Kidal, parce qu’aujourd’hui la population de Ménaka n’acceptera pas des arrangements camouflés. Quand le MNLA est venu à Ménaka, c’était avec la complicité de qui ? Pourtant il y a la Minusma et l’armée malienne. Mais on a fait exprès de cantonner l’armée et par complicité on a fait rentrer le MNLA à Ménaka. Nous savons comment, quand et avec quels moyens ».
Tout comme la médiation internationale, la CEDEAO, a elle aussi appelé la plate- forme à se retirer de Ménaka. Dans une interview accordée à la télévision nationale, son Représentant spécial au Mali a estimé qu’aucun groupe armé ne doit rester dans une localité sous prétexte d’assurer la sécurité des populations. Selon lui, ce travail relève des missions régaliennes des forces de défense et de sécurité du Mali.
Chéaka Aboudou Touré, Représentant spécial de la CEDEAO au Mali.
« Tout ce qui est une violation de cessez-le-feu doit être établi mais le cas particulier de Ménaka c’est que si aujourd’hui un groupe armé a remplacé un autre groupe armé, on ne peut pas se satisfaire de cette situation comme une situation définitive. Au niveau de la CEDEAO nous estimons que seules les forces de défense et de sécurité maliennes ont la légitimité de rester, d’occuper et d’assurer la sécurité au niveau de toutes les localités nationales. Vous conviendrez avec moi qu’un pays qui pense que sa sécurité va être assurée par des groupes armés constitue un danger pour cet État et donc que ce soit le MNLA, que ce soit le GATIA, l’État lui même ne doit pas accepter que la sécurité des populations repose sur les groupes armés. C’est le principe de base sur lequel la communauté internationale ne transige pas, la CEDEAO ne transige pas. Aucun groupe armé ne devrait rester dans une localité comme condition sine qua none de la sécurité des populations ».
Du côté de la plate forme, on s’insurge contre la position de la CEDEAO. Selon Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Gatia, membre de la plate forme, « cet argument ne tient pas, car plusieurs localités sont contrôlées par les groupes de la CMA depuis plusieurs mois ».
Il a été joint par Sékou Gadjigo
« Je suis vraiment surpris que la CEDEAO parle ainsi sachant que la population de Kidal est abandonnée à plusieurs gangs depuis quatre ans. Qu’elle comprenne que les populations de Kidal d’Aguelhoc, de Tessalith, de Ber sont laissées à des pillages et qu’elle dise que Ménaka ne doit pas être contrôlé par un groupe armé. Je pense que l’argument ne tient pas bon. Quand à l’ultimatum, le document prévoit l’application dans les 72 heures par les parties engagées. C’est à dire ceux qui ont signé le document doivent l’appliquer dans les 72 heures. Le document ne nous engage pas, on a ignoré nos points de vue. Je leur ai dit, ça ne nous engage pas. On reste à Ménaka tant qu’on n’a pas trouvé la formule garantissant la sécurité des populations de Ménaka. Une formule qui inspire la confiance ».