Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a tué par balle, puis décapité jeudi dernier un civil malien qu’elle accusait de travailler pour les forces françaises au Mali. Cette information a été communiquée par des sources sécuritaires au sein de la Minusma.
Les faits se sont produits « en public lors de la foire de la localité de Tichift à 120 km au nord de Tombouctou ». Jeudi dernier, des combattants d’Aqmi ont fait venir en plein marché un homme, Mohamed Mahmoud Ag Oumar. Il était accusé de travailler pour les forces françaises. « Il a été exécuté et décapité », a confirmé une source sécuritaire régionale.
Toujours selon cette même source, les combattants d’Aqmi ont, au même endroit, distribué un communiqué pour « mettre en garde » les autres « informateurs » des forces françaises.
Dans ce communiqué, l’organisation jihadiste menace d’ « appliquer le même traitement à tous ceux qui travaillent contre l’islam pour le compte des forces étrangères dans le nord du Mali ».
Aqmi a déjà exécuté dans cette zone des hommes travaillant, selon elle, pour les forces françaises et leurs alliés.
Beaucoup de spécialistes des questions sécuritaires estiment que cette exécution en pleine foire a pour but de terroriser les populations. Ainsi pour Serge Daniel, ces actes doivent interpeller la communauté internationale pour qu’elle use de son influence en faveur du retour de la paix dans le nord du Mali.
Serge Daniel, journaliste-écrivain, joint par Sékou Gadjigo :
« Le lieu choisi à son sens, c’est une foire, donc il y a du monde. Les gens viennent de partout, c’est à dire de 5 kilomètres, de 10 kilomètres, même de 20 et de 30 kilomètres. Donc, il y a du monde et l’effet recherché et l’effet produit c’est de terroriser. Lorsqu’on exécute quelqu’un en public, qu’on le décapite, ça fait peur, donc c’est l’objectif recherché. Faire peur aux populations pour leur dire: si vous informez de nos positions, si vous donnez des informations aux troupes françaises ou aux alliés, nous allons vous exécuter. C’est une stratégie ».
Est-ce que ce nouveau crime ne devrait pas être une raison pour la communauté internationale d’user de son influence pour amener les parties à trouver un accord ?
« Oui la communauté internationale doit amener les uns et les autres à signer un accord. Mais ce n’est pas parce que vous avez un accord que vous avez la paix sur le terrain. Ce qu’il faut, à mon avis, c’est de pouvoir changer aujourd’hui le mandat de la mission de l’ONU au Mali. Il faut que ce mandat devienne un mandat plus robuste. Il faut trouver, si vous permettez l’expression, le médicament pour combattre les islamistes c’est très important ».