Le 5e round des pourparlers inter-maliens a pris fin ce dimanche à Alger. Le texte a été paraphé par le gouvernement et certains groupes armés de la plate-forme. Après ce stade, le gouvernement s’emploie depuis le retour de sa délégation il y a 72 heures, à éclairer l’opinion sur les points qui suscitent encore la polémique. C’est dans ce cadre que la délégation gouvernementale a tenu hier une conférence de presse. Selon elle, tous les points qui font débat, notamment la référence à l’Azawad feront l’objet d’un débat national.
Zahabi Ould Sidy Mohamed, ministre de la réconciliation nationale :
« Pour ce qui est du mot Azawad le mouvement ne voulait pas lâcher, nous, non plus on ne voulait pas l’accepter, la société civile malienne ne veut pas l’accepter et l’opinion publique malienne ne veut pas l’accepter. Maintenant puisqu’on est en démocratie et que tout le monde est tombé d’accord que c’est ce mot qui pose problème, il faudrait organiser une rencontre nationale au cours de laquelle ce concept ou ce mot sera débattu. Donc au cours de cette conférence ou de cette concertation nationale la question sera tranchée. Alors les gens se sont entendus et la médiation a tranché que pour cette question, il faut un débat national ».
Le ministre des affaires étrangères Abdoulaye Diop espère que la signature de l’accord final va se faire d’ici la fin du mois. Selon lui, le gouvernement du Mali a montré sa volonté et son engagement à aller vers la paix. Il appartient maintenant à la communauté internationale et à l’équipe de médiation d’assumer leurs responsabilités.
Abdoulaye Diop était l’invité du journal télévisé hier soir.
« La coordination des mouvements a fait une déclaration dans laquelle elle a donné les raisons, qu’elle avait besoin d’un certain temps pour pouvoir réfléchir et donner une réponse. Nous, nous ne sommes qu’une partie, tout comme les mouvements. Maintenant il appartient à la communauté internationale qui est dans cette équipe de médiation dirigée par l’Algérie, d’assumer pleinement ses responsabilités. Le gouvernement a fait le choix de le matérialiser. Il leur appartient maintenant aussi de faire ce choix le plus vite possible. Nous espérons que cette signature se fasse d’ici la fin du mois de mars et ici en terre malienne. Il est important que nous comprenions qu’un accord de paix n’est pas suffisant pour ramener la paix. Donc il y a beaucoup d’autres conditions, la bonne foi des parties, les garanties que nos amis de la communauté internationale peuvent apporter, mais au-delà, la mise en œuvre de cet accord en particulier va être un défi important ».
La coordination des mouvements armés de l’Azawad ne rejette pas le projet d’accord de paix proposé par la médiation, toutefois, elle souhaiterait consulter sa base avant d’apposer sa signature sur le document. Selon Moussa Ag Assarid, représentant de la coordination en Europe, les annotations de celles-ci sur le document n’ont pas été prises en compte. Moussa Ag Assarid, lors du grand dialogue d’hier.
« Un accord imposé n’est pas un accord. Il est imposé par les parties qui veulent absolument que la coordination des mouvements de l’Azawad signe sans consulter sa base dans les différentes localités qui pendant ce temps manifestent pour dire qu’elles veulent savoir ce qu ‘il y a dans ce document. Notre délégation a fait des amendements à ce document qui n’ont pas été pris en compte. Nous avons fait une déclaration hier et nous avons demandé à ce qu’il y ait une restitution de ce document qui va dans le bon sens. Nous n’avons pas rejeté le document ».
La plate forme des groupes armés a paraphé le document . Elle s’interroge sur la représentativité de certains membres de la coordination au sein des populations du Nord. Elle reconnaît dans le même temps que le document comporte des imperfections qu’il faudra selon elle revoir . Sidy Elmedi Ag Albaka, membre de la plate forme a participé lui aussi au grand dialogue d’hier.
« La base ce n’est vraiment pas les 150 personnes et les 200 jeunes qui sont en train de faire du bruit à Kidal. Aujourd’hui on est en train de réclamer la paix et le retour chez soit parce que vous n’êtes pas sans savoir que des milliers de nordistes ont été chassés de chez eux et ils ne peuvent pas rentrer parce que Moussa et ses semblables continuent de les terroriser. Cet accord, parce que qu’il n’y a jamais de bon et de mauvais accord, mais si c’est pour aller à la paix définitive, si c’est pour aller dans le sens d’un Mali un et indivisible, laïc et prospère, si c’est pour que les autorités maliennes et les forces de sécurités reviennent à Kidal, je pense que c’est déjà un pas vers la solution. Mais par contre il faut reconnaitre qu’il y a beaucoup de chose à revoir ».
Le Représentant Spécial du Secrétaire général Mongi Hamdi, a été reçu aujourd’hui par le Président de la République. Les échanges ont porté en particulier sur le processus d’Alger et ses résultats. Le chef de la mission des Nations Unies a souligné que l’Accord paraphé à Alger, même s’il n’est pas parfait, représente un bon compromis et une base solide sur laquelle les Maliens pourraient bâtir une paix et une stabilité durables.