Mis à mal par les tensions sécuritaires actuelles dans le nord, le 4ème round des négociations d’Alger doit reprendre demain. L’annonce a été faite hier dans l’après midi du départ ce mardi, d’une délégation de Bamako conduite par le ministre des affaires étrangères.
Parallèlement le premier ministre lui aussi est annoncé dans la capitale algérienne où il doit rencontrer son homologue.
L’annonce de la reprise des négociations d’Alger a surpris beaucoup d’observateurs. Ces derniers avaient jusque-là les regards focalisés sur les pourparlers relatifs à la mise en place d’une zone sécuritaire tampon pour faire stopper les combats dans la zone de Tabankort. Engagées depuis quelques jours, ces discussions sur un cessez-le-feu se sont très vite enlisées. Les belligérants, coordination et plate-forme se renvoyant la responsabilité du déclenchement des hostilités. La pression internationale semble avoir pourtant, à cette heure, réussi à débloquer le processus de paix en panne depuis la fin de l’année dernière. Les discussions sur le cessez-le-feu ne progressant pas, l’accord politique est devenu la priorité pour sortir de la situation délétère actuelle. Les injonctions du conseil de sécurité ont trouvé apparemment un écho au sein des groupes armés et des autorités maliennes. Le Gatia se déclarait hier favorable au démarrage du 4eme round. Le MNLA, il y a quelques jours, s’était montré lui aussi disposé à discuter.
Avant son départ pour Alger, le ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop a tenu une conférence de presse. A cette occasion, le chef de la délégation gouvernementale est revenu sur le pré-accord préposé par la médiation. Pour lui, ce document est une bonne base pour aller vers la paix. Il s’est dit confiant. Abdoulaye Diop au micro d’Alhousseini Abba Toure.
« Nous avons estimé que ce document est une base pour aller vers un accord. Parce que premièrement, ce que le Président de la République a tracé comme les lignes rouges pour cette négociation nous semblaient être préservées, l’intégrité du territoire, l’unité nationale, la forme laïque et républicaine de l’Etat et la souveraineté du pays étaient préservées. Donc, je crois qu’il faut relativiser les choses. Il y a des opinions qui s’expriment et ce sont des opinions que nous respectons en tant que gouvernement. Et nous essayons de prendre note pour comprendre pourquoi les gens veulent ceci et ne veulent pas cela. Nous ferons en sorte qu’il n’y ait pas de compromission et que l’intérêt supérieur du pays soit respecté. Et qu’il y ait une solution qui mette tous les maliens à l’aise. Nous restons, comme nous l’avons toujours dit, confiants que c’est possible malgré les difficultés qui se présentent. »
La coordination des groupes armés dont fait partie le MNLA participera aux pourparlers. Toutefois, elle juge que cette reprise des négociations est précipitée. Ainsi selon Ambéry Ag Rhissa, la coordination n’a pas l’intention de transiger sur ses positions. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré.
« La coordination est déjà là-bas, mais pas dans l’intégralité de la commission des négociations. Parce qu’à Alger, la réunion qui était prévue là-bas, c’est une réunion du comité de suivi et d’évaluation. Au cours de cette réunion, il a été décidé de rouvrir les négociations. La coordination y sera, mais nous trouvons que c’est précipité. Dans les négociations, on ne sait jamais ce qui va sortir. De toutes les façons, nous avons nos revendications et nous n’avons pas l’intention d’en bouger. »
Le Groupe d’Auto Défense Touareg Imghad et Alliés GATIA, va participer au 4ème round des pourparlers de paix. Selon Sidy Ahmed Ag Albaka, chargé de communication du GATIA, la priorité est le respect du cessez-le-feu avant de parvenir à la signature d’un accord. Sidy Ahmed Ag Albaka était l’invité hier du grand dialogue de Studio Tamani.
« Nous sommes à Alger. Moi je pense que c’est vraiment trop tôt de parler de discussions pour un accord. Du moment où nous les républicains, nous sommes attaqués par la coordination devant la communauté internationale qui a l’information et qui a la capacité de voir. Discuter d’un accord et en même temps mener une guerre sur le terrain, ça ne tient pas. Il faut d’abord qu’on signe un cessez-le-feu ou qu’on le respecte. Il faut que chacun reste dans sa case, que chacun arrête d’attaquer l’autre. Là, on peut parler d’un accord. Mais si la coordination continue de nous attaquer dans l’esprit de pouvoir nous déloger de nos positions. Et on nous emmène à Alger, on va discuter de quoi ? »