Il y a un an le gouvernement et les groupes armés ont signé un accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. 12 mois après, les parties se renvoient la responsabilité quant au retard dans sa mise en œuvre.
Si la Plateforme salue « des avancées notables », elle reconnaît qu’il y a plusieurs points de blocage. Selon ses responsables, « la responsabilité incombe au gouvernement d’abord, et les autres parties doivent l’accompagner de manière consensuelle ». Selon eux, le Président doit affirmer son leadership.
Firhoun Maïga est l’un des responsables de la Plateforme des groupes armés. Il était l’invité de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
» Nous attendons beaucoup plus d’améliorations. On attend encore le cantonnement et l’intégration. On attend un certain nombre de changements en ce qui concerne la prise en compte des régions du nord. Ce sont des aspects qui sont dans l’accord mais qui sont aussi des points de blocage. La responsabilité de la mise en œuvre de l’accord incombe au gouvernement et de manière consensuelle, nous, nous accompagnons. Et je pense que c’est ce qui manque au gouvernement. Je pense qu’il y a quelque chose, une couleur qu’il doit annoncer pour amener la communauté internationale à savoir que le Mali prend toute la responsabilité à la mesure de ce problème. Le Président de la République c’est le « Papa » de tout le monde et je pense qu’il doit écouter cette question là et dire « voilà je le prends en moi ». C’est lui le responsable. C’est lui qui prend les mises en œuvre de l’accord, ce n’est pas le Premier ministre, ce n’est pas le ministre, ce n’est pas la Plateforme, c’est lui. S’il y a des interférences, c’est lui qui doit dire » arrêtez c’est moi qui décide de ça ». Et que la communauté internationale comprenne qu’il y a un leader et c’est le Président de la République. »
Le gouvernement de son côté ne partage pas cette position. Selon le représentant du ministère de la réconciliation, « le gouvernement a consenti d’énormes efforts », mais il regrette « la mauvaise fois des groupes armés à faire des concessions ».
Ibrahim Achanga Maiga, représentant du ministère de la réconciliation nationale :
« On peut qualifier le gouvernement dans certaines situations de faiblesse, mais moi je dis que c’est une situation de sagesse. On ne veut pas d’affrontements. Quand aujourd’hui ces mêmes parties signataires disent que le gouvernement ne fait pas son travail et pendant ce temps on empêche au gouvernent d’être quelque part dans le pays. Tout récemment au nord, on a dit qu’un barrage sera inauguré, mais on ne veut pas de présence ni de l’armée, ni de représentant de l’état, qu’est-ce que cela veut dire ? Pendant ce temps encore, on célèbre des anniversaires de mouvements armés, alors qu’on dit que nous avons signé un accord et qu’on est dans un Mali un et indivisible, ça veut dire quoi ?
Aujourd’hui en ce qui concerne la mise en œuvre de l’accord, le gouvernement n’a pas dit je bloque. Beaucoup de sous sont sortis dans ce sens, qu’est-ce qu’ils sont devenus. Moi je pense que vraiment la bonne foi doit nous guider, notamment la CMA qui dit toujours on a des réserves, on a ceci, on a cela ».
Le représentant de la CMA ne récuse pas cette position du gouvernement, mais affirme que son mouvement fait de son mieux. La CMA demande au président IBK de « prendre ses responsabilités » et d’« aller vers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ».
Colonel Idrissa Ould Hamaha est un des responsables militaires de la CMA. Il était également l’invité du « Grand Dialogue » d’hier :
» Il faut que la CMA soit claire. Il faut que la CMA aille vers la paix. Il faut savoir ce qu’on veut. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Est-ce qu’on veut vraiment unir ce pays-là et avancer pour la paix oui ou non. Il faut être clair par rapport à la CMA comme la Plateforme comme tous les mouvements. Mais le problème n’est pas là. La CMA fait de son mieux. La CMA est en train de faire un règlement intérieur en ce sens là. Mais il faut aussi rappeler que le gouvernement doit avoir encore une fois une volonté politique et arrêter les interférences parce qu’on ne sait vraiment pas quelle est aujourd’hui celle du gouvernement. On regrette aujourd’hui que l’accord ne soit pas pris en compte sur le plan politique. À chaque fois, il y a des petites touches à droite à gauche par rapport au gouvernement, des ministres qu’on change à droite à gauche qui ne font pas vraiment très bien leur travail. Il faut que le chef de l’État prenne la responsabilité d’avoir un gouvernement d’union nationale. »