Le Mali a célébré hier la journée du paysan. Pour cette 12ème édition, les échanges ont porté sur la sécurisation du foncier. La question préoccupe le monde paysan qui attend des autorités des propositions concrètes.
Le président de la République pointe du doigt la mauvaise gestion des terres par les autorités municipales comme cause de ce problème. Il rassure les agriculteurs de l’accompagnement du gouvernement pour permettre au secteur d’être le levier du développement. Ibrahim Boubacar Keita énumère les contraintes auxquelles le secteur est confronté :
« L’essentiel relève du problème de droit, droit foncier. Quelquefois des conflits entre le droit moderne et le droit coutumier; abus des élus notamment municipaux, qui confondent souvent allègrement leur mission avec celle de vendeur de lots comme des petits pains. Nous avons également noté des conflits classiques entre éleveurs et agriculteurs pour la gestion des terroirs, les espaces de passage, les sites d’abreuvement etc…
Nous avons aussi noté le souci aujourd’hui du monde de la pêche par rapport à la réfection des produits dû là aussi quelque part au mauvais usage des berges, au mauvais usage des cours d’eau. Et aussi une alerte importante, la pollution de l’eau, la pollution des fleuves par les usages abusifs des produits polluants telles les matières en plastique non biodégradable, malgré l’interdiction de ces matériaux-là. C’est une interpellation très forte qui aura son écho au niveau du travail gouvernemental, s’il plaît à Dieu. Il nous appartient maintenant, gouvernement, d’en faire le recueil et la belle synthèse aux fins que toutes les décisions ultérieures soient des décisions utiles au monde paysan et de nature à le booster encore davantage dans son rôle de moteur du développement économique du Mali. Tel est l’ambition que nous lui enseignons ».
Les paysans maliens saluent l’organisation de la journée paysanne. Selon eux, « cette journée est une tribune d’interpeller directement les autorités ». Le foncier reste la principale préoccupation du monde paysan. Ils sollicitent le gouvernement à prendre des mesures pour assurer la sécurisation du foncier des agriculteurs.
Abdoulaye Koureïchy est riziculteur à Banguinéda, membre de la coordination nationale des organisations paysannes du Mali. Il est joint par Ayouba Sow :
« A chaque journée paysanne il y a une thématique spécifique. La thématique de cette année était la sécurisation du foncier dans l’exploitation agricole familiale. Toutes les préoccupations ont tourné autour de ça ».
Quels sont les défis de cette saison agricole qui s’annonce ?
« Le défi majeur est d’abord la productivité. Mais qui parle de productivité parle d’abord de sécurisation du foncier des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des exploitations forestières. Toutes les contraintes qui ont été évoquées l’ont été dans le sens de permettre à ces gens de travailler dignement, de leur permettre d’exercer leur activité sans pour autant être contraints à des expropriations qui leur empêchent de mener dignement leur activité ».
Concrètement, qu’attendez-vous du gouvernement ?
« Qu’il fasse tout son possible pour prendre en compte les préoccupations du monde paysan soulignées hier lors de la journée du paysan, puisque sans cela, on ne peut pas arriver à une agriculture durable sur lequel le pays a fondé sa politique à travers l’agriculture familiale ».