Fin de la mission de la CEDEAO au Mali. L’organisation sous-régionale avait dépêché des émissaires le jeudi 18 juin pour tenter de décryspter la tension entre le président IBK et les acteurs du « Mouvement du 5 juin », qui réclament sa démission. Après avoir rencontré les partis de la majorité présidentielle, le M5 et le chef de l’Etat, les émissaires ont proposé plusieurs pistes de sortie de crise, dont « l’organisation des législatives partielles dans les circonscriptions où les résultats sont contestées ». Une proposition d’emblée rejetée par des députés, dont le président de l’Assemblée nationale, et le « Mouvement du 5 juin ».
Pour « une sortie durable de la crise au Mali », la délégation de la CEDEAO a insisté sur la nécessité d’œuvrer pour « le rétablissement d’un climat de confiance renouvelée entre les parties maliennes ». Aussi, elle souhaite « éviter la violence comme moyen de règlement de crise et privilégier le dialogue, préserver les Institutions de la République ». L’objectif, dit-elle, est de « maintenir la stabilité du pays et mettre en place un Gouvernement consensuel d’union nationale ». La délégation recommande surtout des élections législatives partielles dans certaines circonscriptions électorales où les résultats ont été contestés.
« La Mission note que l’Arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle dans le cadre du contentieux des dernières élections législatives est à la base de la crispation socio –politique actuelle. Elle invite donc le Gouvernement de la République du Mali à reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions ayant fait l’objet de révision par l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle », a déclaré Jean Claud Brou. Pour le président de la Commission de la CEDEAO, « de nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées devraient être organisées dans les meilleurs délais ».
Cette proposition de la délégation de la CEDEAO ne semble pas faire l’unanimité. A l’Assemblée nationale, des députés soutiennent que l’organisation des élections partielles dans ces conditions est « contraire à la Constitution ». Parmi les députés opposés à cette proposition, figure Moussa Timbiné, président de l’Assemblée nationale. « C’est seulement qu’en cas de décès qu’il y a des élections partielles. La Constitution dit qu’un député est élu pour cinq ans. Est-ce que vous pourrez faire démissionner ces députés ? Si un député refuse de démissionner qui va le faire démissionner ? C’est la dissolution seulement qui peut l’amener », a réagi Moussa Timbiné, député élu en commune V, dont la victoire a été contestée.
Plus d’une vingtaine d’autres députés, avec à leur tête Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba, sont favorables à la tenue des élections partielles. Les députés de l’opposition notamment ceux du parti YELEMA, plaident « la dissolution de l’Assemblée nationale ».
Le Mouvement du 5 juin rejette ces conclusions de la mission de la CEDEAO. Dans un communiqué rendu public le samedi 20 juin, la CMAS de l’imam Mahmoud Dicko, l’Espoir Mali Kura et la FSD estiment que les émissaires n’ont pas « tenu compte de la source de tous les maux et toutes les crises du Mali, dont la mauvaise gouvernance, la corruption et la violation des principes républicains et démocratiques dont le président IBK est le seul et unique responsable ». Le M5 a donc « réaffirmé sa détermination à mettre en œuvre tous les moyens légaux et légitimes pour atteindre la démission du président de la République et son régime ».