La recrudescence de l’insécurité dans le centre du pays devient de plus en plus inquiétante. Les attaques se multiplient faisant plusieurs victimes. Deux experts des Nations Unies ont lancé ce jeudi une mise en garde au gouvernement malien et à la communauté internationale leur demandant de « s’attaquer immédiatement » à la montée de violence au centre du Mali. Au même moment, des observateurs estiment que la cessation des hostilités au centre du Mali est « forcement conditionnée » au retour de l’état dans les localités en proie à l’insécurité.
L’attaque la plus meurtrière en 2019 est celle d’Ogossagou avec plus de 160 morts, de nombreux blessés dont des enfants et des femmes enceintes.
Selon l’UNICEF, les premiers rapports des services médicaux locaux indiquent qu’un tiers des victimes étaient des enfants. Le porte-parole du Fonds UNICEF, Christophe Bouliérac, a précisé cette semaine à Genève que plus de 31 enfants ont été blessés au cours de cette attaque. Selon lui, « les blessures subies par les enfants sont principalement des blessures par balle, des brûlures et des fractures ».
L‘agence onusienne a déjà envoyé des kits médicaux d’urgence contenant des médicaments et du matériel, y compris des fournitures de premiers secours, pour couvrir les besoins de 10.000 personnes pendant 3 mois au centre du Mali. Deux semaines, après cette attaque, la panique sévit dans plusieurs villages du centre du pays. Au moins 4 localités ont reçu la visite des hommes armés qui les ont sommés de quitter leurs villages faute de quoi ils vont tous les « massacrer ». Ces localités sont entre autres, les hameaux de Keré, Ganga, Goura, et le village de Sègué, tous dans cercle de Bandiagara dans la région de Mopti. Malgré des messages et appels au calme du gouverneur de Mopti, les habitants ont commencé à quitter les lieux.
Ces nouveaux incidents sécuritaires inquiètent également la mission de l’ONU au Mali. Le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies « met en garde les auteurs de ces crimes et réaffirme sa volonté de ne ménager aucun effort pour œuvrer à leur identification, leur arrestation et leur jugement ».
Ces attaques ont fait plus de 59.000 déplacés dans la région de Mopti et une enquête serait en cours pour situer les responsabilités et les auteurs de ces crimes. L’ex première dame Adam Ba Konaré a adressé un message conciliateur et porteur d’apaisement aux maliens. Elle a également demandé d’ériger un monument en la mémoire des victimes d’Ogossagou. Des prières ont été également faites à Bamako et dans plusieurs localités du pays pour le retour de la paix et le rétablissement de l’autorité de l’État. Cependant, pour certains observateurs, la cessation des hostilités est « forcement conditionnée » au retour de l’Etat dans les localités en proie à l’insécurité. Selon eux, tant que l’autorité de l’État n’est pas effective dans ces zones, la formation de milices et les tueries continueront ».
Boubacar Bocoum, Politologue :