Plus d’activité sur les sites d’orpaillage sur toute l’étendue du territoire à partir du 15 juin jusqu’au 30 septembre. L’annonce a été faite dans un communiqué par le ministère des mines. Le gouvernement avance comme argument les risques liés à cette activité pendant l’hivernage. Certains orpailleurs s’insurgent contre cette mesure qu’ils jugent « unilatérale » et « arbitraire ».
Selon le communiqué la mesure est l’une des recommandations issues du forum national sur l’orpaillage traditionnel ténu en 2014. Elle a pour objectif de « préserver la vie des populations pratiquant l’orpaillage ». Selon le gouvernement, l’activité de l’orpaillage comporte de grands risques pendant la saison hivernale, tels que l’éboulement des mines pouvant provoquer des pertes en vies humaines ainsi que d’autres accidents divers.
Le gouvernement invite les autorités administratives, les forces de sécurité ainsi que les collectivités à une application rigoureuse de la mesure tout en menaçant de sanctionner les contrevenants à cette mesure et. Au Mali l’orpaillage traditionnel est l’activité principale de certaines populations.
Difficile d’avoir des chiffres exacts, mais elle est pratiquée par des milliers de personnes selon certaines associations d’orpailleurs. Aussi, beaucoup d’activités connexes dépendent de ce secteur. Ils sont des milliers selon certaines estimations. C’est la deuxième fois que l’arrêté est mise en application sans être véritablement respectée par les orpailleurs.
La décision de fermer les sites d’orpaillage suscite la colère de certaines associations d’orpailleurs. Elles dénoncent une décision « unilatérale et arbitraire du gouvernement ». Selon elles, les arguments avancés par le gouvernement ne justifient pas la mesure, et préviennent qu’elles ne se soumettront pas à la décision.
Lassana Camara est le président de la Fédération locale des orpailleurs du cercle de Kéniéba. Il a été joint au téléphone par Sékou Gadjigo.
« Cette décision là, c’est une décision presque arbitraire. L’orpaillage est un métier reconnu même par l’Etat lui même. Il y a la Chambre des mines, reconnue par cet Etat là. On ne peut pas dire à un pêcheur d’aller faire de la menuiserie. Un commerçant ne peut pas faire de la pêche. Je ne sais pas comment on va interdire un métier. Quelqu’un qui a appris ce métier pendant des siècles, de père en fils, on se permet d’interdire ce métier. Comment on va vivre. En tout cas on est là. On va les répondre en notre manière. Nous, on ne va pas respecter cette mesure même un jour ».
Donc vous n’êtes pas prêts à respecter cette décision?
« Carrément. Nous, on va travailler. On ne respectera pas ça. Comment on va vivre ? »
L’Etat avance comme argument que pendant l’hivernage il y a des risques d’éboulement. Qu’est-ce que vous en pensez?
« Qui veut abattre son chien l’accuse de rage. Le transport actuellement au Mali fait des morts. Pourquoi on n’interdit pas le transport par ce que ça tue les gens. Nous on a tout compris, on a bel et bien compris la situation : ce sont les miniers qui montent le gouvernement contre les orpailleurs. Actuellement, il n’y a pas un mètre carré d’espace libre à Kéniéba. Ce sont tous des concessions minières. Mais on est prêt, si on arrête les orpailleurs les usines aussi vont fermer. On va tout arrêter. Je ne sais pas comment ça va se faire en tout cas nous, on va le faire ».