Rebondissement dans la contestation des résultats de la présidentielle par la Cour constitutionnelle. Hier dans la soirée, un des soutiens du candidat Soumaïla Cissé, Paul Ismaël Boro, a été arrêté chez lui par des hommes en armes. Officiellement, on ne sait pas encore où il serait détenu, ni les mobiles de cette arrestation. Le ministère de la sécurité dit ne pas être concerné par l’affaire. Ses camarades politiques dénoncent « un enlèvement et règlement de compte politique », tant dis que d’autres sources proches de la majorité évoquent « une affaire de droit commun ».
A ce stade on en sait très peu sur les mobiles de cette arrestation. Paul Ismaël Boro a été arrête, puis amené par des individus armés non identifiés dans la soirée de dimanche à lundi 27 août. Difficile d’en savoir plus sur son lieu de détention, ni encore les vraies motivations de cette arrestation.
Joint par notre rédaction, le ministère de la sécurité exclut toute implication de la police et de la gendarmerie dans cette affaire. « On n’a rien à voir avec cette arrestation », nous déclare-t-on.
Ancien directeur du Centre international de conférence de Bamako, Paul Ismaël Boro, serait arrêté pour « une affaire de malversation », expliquent certaines sources proches de la majorité présidentielle qui annoncent qu’ « il a été, à cet effet, entendu plusieurs fois par le Pôle judiciaire et économique de Bamako ». « Faux », rétorquent les partisans de Soumaïla Cissé qui dénoncent « un enlèvement et un règlement de compte politique ». « Si c’était une affaire de détournement de fonds, pourquoi n’a-t-il pas été arrêté depuis son limogeage en juillet 2016 ? ». S’interrogent les soutiens de Paul Ismaïla Boro.
Ancien cadre du parti au pouvoir, RPM, dont il avait démissionné en juillet 2017, Paul Ismaël Boro a été dans le staff de campagne du candidat Modibo Koné. Alors que ce dernier a appelé à voter IBK au second tour, M. Boro décide de rejoindre Soumaïla Cissé. Il a activement participé aux récentes contestations contre le régime, dont les marches contre la révision constitutionnelle et celles de l’opposition contre « la fraude et le bourrage des urnes ».
Les récentes marches de contestation organisées par l’opposition contre le verdict de la Cour constitutionnelle, laissent planer des doutes sur un risque de crise post-électorale. Que peuvent faire les leaders religieux pour éviter ce scénario ? Pour certains analystes, il ne faut rien attendre d’eux dès qu’ils sont devenus acteurs politiques eux-mêmes. Selon ces observateurs, l’irruption du religieux sur la scène politique a provoqué une fracture dans notre société.
Pr Issa N’Diaye est philosophe, chercheur à l’Université de Bamako :