L’insécurité persiste toujours ces derniers temps dans le centre du pays malgré la multiplication des patrouilles et le renforcement des forces armées maliennes dans plusieurs localités de la région de Mopti. Après les braquages des routes, les vols des bétails, les attaques djihadistes, les litiges fonciers refont surface dans cette région jadis réputée pour son calme et son attirance. Deux mois après un conflit intercommunautaire dans le cercle de Teninkou, un autre conflit cette fois-ci foncier a opposé hier les habitants des villages de Kossouma et Mougnan-bambara, deux villages voisins distants d’une dizaine de Kilomètres. L’affrontement a coûté la vie à 14 personnes et 47 autres ont été blessés dont certains en état critique.
Ce problème foncier existe depuis 1964 entre les villages de Kossouma et celui de Mougnan-bambara, deux villages protagonistes, distant seulement de 11 kilomètres. Les habitants de ces villages se sont affrontés à plusieurs reprises pour l’exploitation de cette zone agricole située à 100 mètres du village de Mougnan-bambara.
Après l’échec du premier jugement pour l’obtention du droit d’exploitation en 1964, les habitants de ses deux villages se sont affrontés en 1988. Cet événement dramatique a coûté la vie à un habitant de kossouma, avant d’aboutir à un second jugement devant la cour suprême en juin 1988. L’arrêt de la cour a donné le droit de propriété terrien à Mougnan-bambara tout en attribuant 69 champs non délimités au village de Kossouma.
Malgré ce jugement le problème n’a cessé de persister. Pour le résoudre, le juge de Djenné a mis la zone en défens en 2008. En 2014, un autre juge annula cette interdiction d’exploitation pour attribuer l’intégralité de la zone à Kossouma. C’est ainsi que selon nos sources les habitants de Kossouma se sont rendus hier sur la zone qui est à 100 mètres de Mougnan-bambara pour l’exploiter. Les jeunes de Mougnan se sont opposés et la situation a dégénéré. Bilan 14 morts et 47 blessés.
Plusieurs notables de la localité souhaitent l’interdiction de l’exploitation de cette zone afin de résoudre définitivement le problème. C’est pourquoi depuis hier les Famas ont quadrillé la zone en attendant l’arrivée d’une délégation composée du gouverneur de Mopti et des députés élus à Djenné dépêchée sur les lieux pour ramener le calme entre les deux communautés.
Selon certains habitants de la localité « c’est la justice qui est à l’origine de ce conflit », car disent-ils, « les juridictions prennent des décisions sans pour autant penser à leur applicabilité ». Ayouba Sow a joint un habitant de la localité sous couvert d’anonymat qui nous fait le récit des événements :
« C’est un litige foncier qui oppose Kossouma et Mougnan-bambara depuis 1964. Il y a eu un premier jugement dans ce sens en 1964. Les deux villages sont distants l’un de l’autre d’à peu près 11 kilomètres. Mais le lieu litigieux même est à pratiquement 100 mètres de Mougnan-bambara. On l’appelle communément Mougnan-tchientchien ( zone sableuse de Mougnan, NDLR). La justice a repris le dossier jusqu’au niveau de la cour suprême, ce qui a reconnu le droit de propriété terrien à Mougnan-bambara. Mais elle avait aussi attribué 69 champs de culture au village de Kossouma. C’est l’applicabilité de cet arrêt qui a causé problème. On n’arrivait pas à déterminer les 69 champs. En 2014, il y avait un juge du nom de Sémega qui a attribué la zone à Kossouma ».
Il a donné l’intégralité de la zone à Kossouma?
« Oui l’intégralité de la zone à Kossouma. L’année dernière les habitants de Kossouma ont cultivé la zone. Hier samedi, il a plu la veille, les habitants de Kossouma sont allés sur la zone pour l’exploiter. Le lieu étant à 100 mètres de Mougnan-bambara, les jeunes de Mougnan-bambara se sont préparés, puis sortis s’opposer. Ils se sont donc affrontés. Malheureusement on déplore 14 morts dont 12 du côté de Kossouma et 2 du côté de Mougnan-bambara ; et 47 blessés dont 25 du coté de Mougnan-bambara et 22 du côté de Kossouma ».
Est-ce que la zone est calme aujourd’hui?
« Aujourd’hui il y a l’accalmie, il n’y a pas de problème. Tous ces problèmes sont dus à la justice malienne. Les juges prennent des décisions sous les climatiseurs sans s’interroger sur leur applicabilité sur le terrain. Ils ne suivent pas l’application de leur décision. C’est ce qui cause ces problèmes ».