Le poste de contrôle de Dinangourou dans la région de Mopti a été attaqué tôt ce matin par des hommes armés. Le bilan fait état de 2 militaires maliens morts et 5 autres blessés. Les corps des victimes ont été enterrés cet après-midi. Les autorités de la commune de Dinangourou attribuent cette attaque aux jihadistes.
Hama Goro est le maire de Dinangourou. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« J’étais à la maison après la prière quand nous avons entendu des coups de feu. On est resté dans nos maisons jusqu’à la fin des échanges de tirs. On nous a fait savoir que ce sont des jihadistes qui sont venus avec un véhicule et emporter un véhicule du poste de sécurité ».
Quel est le bilan de l’attaque ?
« Le bilan actuel, c’est deux morts. Il y a un Tamasheq du nom d’Intalla et un autre Koné. Tous les deux sont des militaires du poste de Dinangourou. Ce poste est installé depuis le 10 avril dernier ».
Est-ce qu’il y a des blessés ?
« Il y a 5 qui ont été grièvement blessés, ils ont été admis au centre de santé pour des soins. Nous soupçonnons des jihadistes, puisque le mois passé les jihadistes étaient venus dans un de nos villages à Koba. Ils étaient quatre sur deux motos ».
Quelles sont les mesures prises par les autorités ?
« Déjà qu’il y a un poste de sécurité composé de 50 éléments, je pense que la sécurité est assurée. La raison de ces attaques, c’est des personnes qui ne veulent pas la paix ».
Pour certains observateurs, ces attaques sont l’œuvre des ennemis de la paix qui n’ont pas signé l’accord d’Alger. Ces analystes estiment que l’Etat doit prendre des dispositions urgentes afin de sécuriser cette partie du Mali. Et selon eux, « l’Etat a les moyens de le faire « .
Firhoun Maiga, spécialiste des questions sécuritaires est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Je déplore ce qui est arrivé, surtout à nos vaillants soldats. Les mouvements signataires se sont engagés à respecter effectivement un statut, le fait d’être dans l’accord, d’aller vers le cantonnement. Il y a des mouvements qui ne sont pas parties prenantes de l’accord, et qui vont continuer à sévir. Aujourd’hui la situation se passe vers le gourma, au sud de Mopti où l’armée a toute la latitude de se redéployer normalement. Alors quand on va sur le tronçon de Gao jusqu’à Hombori, de Hombori à Boni qu’il y ait des situations d’insécurité que nous déplorons, nous ne pouvons qu’interpeller l’Etat. Je m’interroge, le ministère de la sécurité, le ministère de la défense quels sont les problèmes auxquels ils sont confrontés pour ne pas trouver une solution à cette recrudescence d’insécurité. Le gouvernement doit prendre des dispositions urgentes; elle doit évaluer la situation; elle doit créer les conditions pour que ce tronçon Mopti Gao soit sécurisé à cent pour cent; pour que la confiance renaît et que les populations sentent que le Mali existe ».
Cette attaque de Dinangourou intervient quelques jours après la publication du rapport Afrique de l’International Crisis Group. Le document indique que le gouvernement malien est plus concentré sur le nord du pays, alors qu’il devrait être vigilant sur le centre qui connaît une recrudescence de violences inquiétantes. Toutefois, pour certains spécialistes des questions sécuritaires, ce rapport est incomplet. Serge Daniel estime que le gouvernement devrait être concentré sur tout le territoire, pas seulement sur une partie. Il est joint au téléphone par Adama Haïdara :
« Il y a de l’incomplet dans ce rapport que j’ai lu. En réalité le centre oui, mais ce qu’il faut c’est d’être vigilant sur tout le territoire national. Parce qu’on parle du centre, mais moi je vais vous parler de l’extrême-ouest qui est le poumon économique du Mali. Vous avez l’or, vous avez le sud qui produit le coton. C’est partout qu’il doit avoir la vigilance pas seulement au centre. Je ne crois pas du tout à cette stratégie sécuritaire pour le Mali. Ce n’est pas dire nous renforçons le nord nous renforçons le centre, non pas du tout. Ce n’est pas seulement le terrorisme qu’il faut combattre au centre, ce qu’il faut combattre c’est l’insécurité et l’injustice ».