Les partis de l’opposition ont tenu ce matin à Bamako, une conférence de presse sur la marche de protestation des jeunes de Gao organisée cette semaine. L’opposition condamne le recours à la violence des forces de sécurité maliennes qui a conduit à la mort de trois personnes et plusieurs blessés. Les partis de l’opposition ont pointé du doigt le gouvernement comme responsable de ce drame.
Me Demba Traoré, porte-parole des partis de l’opposition est au micro de Mahamane Baba Kounta :
« Depuis une année, les partis politiques de l’opposition appellent le gouvernement à tenir des concertations pour une appropriation nationale de l’accord pour la paix et la réconciliation, afin d’en faciliter la mise en œuvre. Depuis des mois, ils exhortent le gouvernement à la raison et au dialogue. Malheureusement, ces appels ont été accueillis, comme d’habitude, par le mépris. Le passage en force de la loi sur les autorités intérimaires, la violation de la constitution, le piétinement par le gouvernement de la loi à peine votée, la gestion chaotique de la crise du nord, ont provoqué l’indignation et la colère légitime du peuple malien en général et des populations de Gao en particulier. Des jeunes manifestants ont été fauchés par des balles. Les partis de l’opposition apportent leur soutien total à la jeunesse de Gao. L’opposition tient le gouvernement seul responsable de ce drame. C’est bien l’aveuglement, l’entêtement et l’autisme du gouvernement qui sont à l’origine de la tension et des morts à Gao ».
Après les manifestations de Gao ayant fait 3 morts et plus d’une trentaine de blessés, une enquête a été ouverte par le parquet de Gao pour situer les responsabilités. Il y a déjà une liste de suspects qui a été établie, confirme le procureur de Gao avant de poursuivre que sur les 31 blessés, 22 ont été libérés. Le procureur a aussi invité les organisations de défense des droits de l’homme à suivre les enquêtes avec les autorités judiciaires.
Housseynou Salaha Cissé, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Gao :
« Dès qu’on a appris qu’il y a des morts d’hommes, une enquête a été ouverte, bien que le Garde des sceaux ait donné instruction, mais notre rôle en tant que procureur de la République, c’est d’ouvrir une enquête immédiatement pour savoir ce qui s’est passé. L’enquête continue, au moment où je vous parle, un docteur légiste a été designé, il est en train de faire l’autopsie en présence des parents des trois victimes. Les officiers de police judiciaire qui sont chargés de cette enquête sont déjà sur le terrain. Ils ont déjà une liste de suspects. Ils suivent de près ce dossier. Ces officiers de police judiciaire qui sont sous mon contrôle, en tant que directeur de l’enquête, je leur ai déjà donné des instructions à poursuivre. J’ai encore deux substituts sur le terrain qui suivent ça de près, qui sont même à l’hôpital. Nous allons réunir tout ce qu’il y a comme indice ou preuve pour savoir qui a fait quoi. J’ai été en contact avec le médecin, il m’a dit qu’il y a 9 blessés qui sont toujours hospitalisés et 22 qui ont été libérés, mais de façon dite ambulatoire. C’est-à-dire qu’ils reviennent pour des traitements ».
L’association malienne des droits de l’homme (AMDH) attend avec impatience le résultat des enquêtes ouvertes suite aux événements de Gao. Elle exige que les auteurs et leurs commanditaires soient traduits devant la justice.
Me Moctar Mariko est le président de l’AMDH. Il est joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Nous avons été la première association avec d’autres associations à dénoncer cette bavure policière. Et nous avons demandé qu’une enquête impartiale soit ouverte rapidement afin que les auteurs puissent vraiment être sanctionnés. Nous voudrons qu’une fois l’enquête terminée, que les auteurs soient traduits devant la justice afin qu’on comprenne que ce genre de bavure ne doit plus être tolérée dans l’armée. L’enquête nous édifiera qui et qui ont fauté, qui était sur le terrain, qui a utilisé quoi et pourquoi ».
D’après le procureur de Gao, les organisations de défense des droits humains sont invitées à participer aux enquêtes. Est-ce que vous avez été contacté?
« On ne peut pas être impliqué aux enquêtes. Nous, on fait de la documentation et on suit avec le procureur, parce que notre participation, c’est empêcher qu’il est une interférence politique. Pour essayer de mettre la pression là où la justice ne voudrait pas aller ».