Après l’attaque du mardi dernier qui a fait 17 morts et une trentaine de blessés dans les rangs des Famas, la situation est toujours confuse concernant la sécurisation de la ville. Les autorités annoncent avoir repris le contrôle de la localité. Cependant de sources locales, aucune présence des forces maliennes n’est remarquée dans la cité. Un deuil national de trois jours a été décrété depuis hier. Le chef de l’Etat qui a réinstauré l’état d’urgence pour dix jours, est à Ségou aujourd’hui pour un hommage national aux victimes.
A Nampala, de sources locales « rien ne bouge ». « La population est toujours terrée chez elle », affirment les autorités locales. Elles appellent l’État à renforcer le dispositif sécuritaire dans la ville. Selon un élu de la localité, jusqu’à la journée d’aujourd’hui il n’y avait pas de présence remarquable des forces maliennes dans la localité. Ce représentant de l’État refuse aussi de réagir sans la présence des Famas pour assurer sa sécurité, dit-il.
Le ministre de la défense a pourtant annoncé ce mardi que l’armée a repris le contrôle de Nampala et qu’une riposte est engagée pour traquer les assaillants. Toutefois, certaines sources révèlent que Nampala est toujours contrôlée par ces jihadistes.
Cette information est démentie par la Direction de l’Information et des Relations Publiques des armées qui confirme que l’armée malienne contrôle bel et bien Nampala. Selon un des responsables de la DIRPA, « même si les militaires maliens ne sont pas présents dans la ville, ils sont aux alentours de la zone pour contrôler et traquer les jihadistes ». Cependant, précise l’officier de communication, certaines informations ne doivent pas être communiquées pour éviter de dévoiler les stratégies des Famas aux forces ennemies.
A Nampala la situation sécuritaire reste donc tendue. Le Président IBK s’est rendu aujourd’hui à Ségou au chevet des blessés de l’attaque. Il doit aussi rendre un hommage national aux victimes.
Suite à cette attaque meurtrière de Nampala, le gouvernement a réinstauré hier l’État d’urgence pendant 10 jours. L’opposition dit « comprendre » la mesure, mais s’interroge sur l’utilité de cette mesure au regard des « résultats mitigés ». Elle demande au gouvernement de « tirer les leçons du passé et de prendre d’autres mesures sécuritaires pour protéger la population ».
Djiguiba Keita, secrétaire général du PARENA, joint par Oumar Waïgalo :
« En principe, vu la situation on peut bien comprendre la prorogation de l’état d’urgence, même si jusqu’à preuve du contraire les effets attendus ne sont pas au rendez-vous. C’est pour 10 jours, mais qu’on s’occupe davantage des Maliens et de leurs biens. Ce qui n’est pas le cas sur l’ensemble du territoire aujourd’hui ».
Quel sera l’impact de cette nouvelle mesure ?
« Espérant que le gouvernement va tirer les leçons de l’état d’urgence passé, nous espérons que les mesures de sécurité vont être renforcées pour que toutes les tueries auxquelles nous avons assisté prennent fin. Parce que malheureusement, comme nous l’avons dit dans notre communiqué, le sang malien coule beaucoup en ces derniers temps malgré l’état d’urgence. L’insécurité est grandissante. On se rend compte que les forces de sécurité ne sont pas à la hauteur pour résister aux terroristes qui attaquent un camp aussi important que celui de Nampala avec beaucoup de matériels emportés et beaucoup de morts ».
A Bamako, les avis des citoyens sont partagés sur la prorogation de l’état d’urgence. Pour certains, la mesure permet de « mieux sécuriser la population ». Pour d’autres en revanche, « l’État doit être capable d’assurer la sécurité même sans état d’urgence ».