Les affrontements qui ont commencé hier à Kidal se sont poursuivis ce matin entre le HCUA et le Gatia. On parle de plusieurs morts et des blessés, des deux côtés. Le bilan donné par les parties est contradictoire. La Minusma appelle au calme et annonce avoir pris « des mesures pour sécuriser les populations et son mandat ».
Les combats ont repris tôt ce matin entre le HCUA et le Gatia à Kidal et ont duré quelques heures, selon certaines sources. A ce stade, aucun bilan n’est encore disponible même si sur place, certains parlent de plusieurs morts et des blessés. Ces affrontements animés de tirs à l’arme lourde ont commencé hier. La situation était calme cet après-midi, mais certaines sources n’excluent pas la reprise des affrontements. En attendant, les parties se renvoient la responsabilité.
Dans un communiqué, la MINUSMA a fermement condamné ces affrontements et appelle les deux parties à « mettre fin immédiatement aux hostilités ». La mission onusienne annonce aussi avoir pris « des dispositions pour assurer la protection de la population civile et la défense de son Mandat ». Elle s’engage également à accompagner une enquête indépendante dans cette affaire.
Cette tension existe depuis quelques jours entre ces deux groupes armés concernant la gestion de la ville de Kidal. Mardi dernier, un accrochage entre ces mêmes mouvements avait fait un mort de chaque côté. Ces affrontements interviennent alors qu’il y a quelques jours, les responsables des deux groupes armés ont convenu d’une entente à Niamey sur « la la gestion administrative et militaire de la région de Kidal ».
Selon la CMA, ces affrontements ont fait quatre morts dans ses rangs et « une trentaine » du côté adverse. Mais difficile de confirmé ce bilan auprès des sources locales.
Almou Ag Mohamed est porte parole de la CMA, membre du HCUA. Il est joint au téléphone par Hawa Berthé :
« Hier dans l’après-midi une colonne de plusieurs 4/4, au moins une vingtaine lourdement armée de la Plateforme, est rentrée dans la ville de Kidal. Au mépris et en manquant de respect à tous les cheks-points de la CMA. Par la suite ils ont commencé à ouvrir le feu de façon délibéré sur le camp opposé. La CMA a répliqué, il s’en est suivi de violents affrontements qui ont duré pratiquement toute la soirée. Et ça a repris ce matin avec l’arrivée de leur renfort. De notre côté hier soir, on dénombrait déjà 4 morts et des blessés légers, par contre du coté des assaillants il y a au moins une trentaine. A l’heure actuelle la tension a baissé parce qu’ils ont été repoussé en dehors de la ville. La ville et ses alentours immédiats sont sous le contrôle de la CMA. Mais on peut s’attendre à une reprise des hostilités si toutefois les assaillants reviennent encore dans la ville ».
Les responsables de la Plateforme, eux, s’abstiennent de tout commentaire sur le bilan. Ils reconnaissent toutefois des morts et des blessés des deux côtés. Selon eux, « tout est parti du refus de la CMA de laisser entrer des éléments de Gatia dans la ville de Kidal, malgré la signature de l’entente de Niamey. En milieu de journée, les combattants de Gatia étaient retranchés à la périphérie de la ville après la trêve décrété par la Minusma et Barkhane.
Ahmoudene Ag Ikmas est député de Kidal et membre du Gatia. Il est joint par Imirana Kilou Maiga :
« C’est très difficile de vous dire ce qui s’est réellement passé à Kidal. Selon les informations que nous avons eues hier dans l’après-midi, il y a des véhicules du Gatia qui revenait en ville qui ont quitté Tin-zawatene. Quand ils sont rentrés en ville à coté du marché directement les gens de la CMA ont ouvert le feu sur eux. Et depuis lors c’était le combat jusqu’à tard dans la nuit. Ce matin les combats ont repris. Selon la version que j’ai, la Minuma et Barkhane ont imposé une trêve, dont je ne connais pas le délai. Il s’agit de prendre les blessés, les morts et permettre aux populations civiles qui veulent sortir de la ville de sortir. Certains s’attendent à l’application de l’accord signé à Niamey, alors que d’autres préfèrent la guerre. Il y a eu des blessés, des morts de part et d’autres. Actuellement ils ont cessé le feu je crois que les gens de la plate-forme sont en train de se regrouper à coté de la ville la-bas ».
A Kidal, c’est la « panique totale » au sein de la population selon certaines sources. Jusqu’à la mi-journée, la situation était calme dans la zone. Cependant, selon un habitant de la ville, il y a des risques de reprise des combats entre les deux groupes.
Voici les réactions d’un habitant de Kidal joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« Les combats ont repris ce matin entre les deux groupes vers 5h du matin et ont cessé vers 08h du matin ».
On n’a toujours pas de bilan ?
« Non, on n’a pas de bilan jusqu’à présent. Si les affrontements ne finissent pas, on ne peut pas trouver de bilan ».
La population se porte comment ?
« Ah, la population est paniquée, au nom de Dieu. C’est vraiment la panique. Surtout les Sonrhaïs et Bambaras qui vivent ici ».
Est-ce qu’il y a des risques de reprise des combats ?
« Les combats ne sont pas encore finis, c’est ce qu’on entend ici que les combats ne sont pas encore finis. Parce que parmi les gens du MNLA, il y a beaucoup qui disent que leurs frères ne peuvent pas mourir comme ça. Donc les combats ne peuvent pas finir d’abord. C’est pourquoi jusqu’à présent les gens ne sont pas encore sortis ».
Donc les gens sont toujours cachés dans leurs maisons ?
« Oui, jusqu’à présent. Et actuellement, là où on est rien ne bouge à Kidal ».