Le camp de la gendarmerie d’Ayorou au Niger, située dans la région de Tillabéri, à la frontière malienne, a été la cible d’une attaque meurtrière. Au moins 13 gendarmes ont été tués et plusieurs autres blessés. En deux semaines d’intervalle, des islamistes présumés ont franchi la frontière nigérienne à trois reprises. Des opérations de ratissage sont en cours.
Selon une source sécuritaire, les assaillants venus « à bord de cinq véhicules » ont attaqué « à l’aube » la gendarmerie d’Ayorou à 200 km de Niamey près de la frontière malienne. Ils ont pris la fuite à l’arrivée des renforts militaires, en emportant deux ou trois véhicules de la gendarmerie, indique l’AFP.
« Le bilan est de treize morts et cinq blessés parmi les gendarmes », confirme le porte-parole du ministère nigérien de la Défense, qui précise que l’attaque de la Brigade de gendarmerie d’Ayorou est perpétrée par des éléments armés non identifiés.
Sitôt l’alerte donnée, une poursuite engagée par les forces terrestres et aériennes a permis de détruire un véhicule des assaillants et ses occupants en territoire malien. Les opérations de ratissage sont en cours.
La région de Tillabéri est devenue très instable en raison des nombreuses attaques meurtrières attribuées à des groupes djihadistes. Le 4 octobre dernier, quatre soldats américains et quatre militaires nigériens ont été tués dans une embuscade dans cette même région. Mi-mai, des assaillants non identifiés avaient attaqué la même gendarmerie d’Ayorou, sans faire de victimes. Les attaquants avaient emporté des armes et des munitions avant de se retirer vers le Mali.
Le Mali, où de nombreux groupes djihadistes opèrent malgré la traque des forces internationales, est devenu une source d’instabilité pour toute la région. Les pays voisins, notamment le Niger et le Burkina Faso, sont régulièrement frappés par des attaques djihadistes.
Cette semaine, l’ONU dit avoir répertorié « au moins 46 attaques » de groupes armés au Niger dans la région de Tillabéri depuis février 2016.
Pour certains analystes, la lutte contre le terrorisme entre le Niger et le Mali ne peut aboutir sans l’implication des populations locales. Selon Serge Daniel, spécialiste des questions de sécurité, la présence d’Abou Walid El Saharoui entre les deux pays et l’absence des forces de sécurité maliennes dans une bonne partie du nord, ouvrent les portes aux djihadistes. Il pense que pour venir à bout des terroristes dans le Sahel, il faut privilégier le renseignement :
Cette attaque contre les forces nigériennes intervient alors qu’une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU effectue une visite dans les pays du Sahel. Samedi à Bamako, le chef de la délégation, l’ambassadeur Français à l’ONU Francois Delattre a affirmé que « la lutte contre la menace terroriste concerne tous ». Pour lui, la communauté internationale et surtout le conseil de sécurité ont « la responsabilité morale » d’apporter leur soutien aux Africains dans la lutte contre le terrorisme :
En recevant ce dimanche matin à Mopti la délégation Onusienne, le commandant de la force conjointe du G5 Sahel a précisé que la situation sécuritaire n’est pas partout la même chose dans l’espace du G5 Sahel. Selon le général Didier Dakouo, la menace est particulière au Nord tandis qu’au centre, c’est l’extrémisme violent qui y sévit. Pour lui, la force conjointe du G5 Sahel constitue une partie de la réponse à ce fléau :
Le Conseil de sécurité de l’ONU a aussi manifesté hier son « impatience » aux signataires de l’accord de paix à propos des retards dans l’application effective de cet accord. L’ambassadeur de France à l’ONU, François Delattre a exprimé » sa profonde préoccupation à l’égard de la persistance de retards importants dans la mise en œuvre des dispositions centrales de l’accord ». Pour lui « plus de deux ans après la signature de l’accord, il est désormais plus que jamais temps d’avancer fortement et concrètement ».