Mohamed Youssouf Bathily a été libéré hier, mais la procédure judiciaire à son encontre suit son cours. Selon ses avocats, « Ras Bath est rentré chez lui et se porte bien physiquement et psychologiquement ».
Après deux jours de détention, Ras Bath a été libéré hier soir peu après 22h. Selon un de ses avocats, Mohamed Youssouf Bathily est désormais « poursuivi non détenu » pour trois chefs d’inculpation. Il s’agit « d’attentat à la pudeur, outrage aux dépositaires de l’autorité publique et incitation des forces armées à la désobéissance ».
L’accusé « rejette en bloc » ces chefs d’accusation. Selon ses défenseurs, Ras Bath se présente comme « un défenseur de la République » et appelle à « l’éveil de conscience pour une bonne gouvernance ».
Suite à son arrestation mercredi dernier, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Bamako. Ces rassemblements ont dégénéré en échauffourées. Selon un membre du mouvement « SOFA » dans lequel milite Ras Bath, il y a eu deux morts parmi les manifestants. Ce bilan n’a pas été confirmé par la police qui parle d’un tué par balle et dément l’usage par les forces de l’ordre de balles réelles pour disperser les rassemblements.
Par ailleurs, concernant le blocage des accès aux réseaux sociaux depuis ces événements, les autorités du pays ne souhaitent toujours pas faire de commentaire.
En cas de procès Ras Bath devrait plaider « non coupable », selon ses avocats. Pour eux, leur client « souhaite répondre des chefs d’accusation qui lui sont reprochés pour démontrer que cela est loin d’être la réalité ».
Me Abdramane Touré est un des avocats de Ras Bath. Il est joint au téléphone par Mouhamadou Touré :
« A la suite de la notification de l’inculpation et des chefs d’inculpation, il a été placé sous contrôle judiciaire assorti de certaines conditions ».
Quelles sont ces conditions ?
« Cette phase est couverte par ce qu’on appelle le secret de l’information ».
Ras Bath va plaider non coupable ?
« Exactement, il ne reconnaît pas du tout ces chefs d’accusation. Bien au contraire, il se positionne comme étant un défenseur des forces armées et de sécurité. Il se positionne également comme étant un défenseur des droits des citoyens, un incitateur des pouvoirs publics à agir dans le sens de l’intérêt et du bien commun ».
Mohamed Youssouf Bathily est accusé à travers les émissions qu’il anime. Est-ce qu’il continuera à animer sur les radios ?
« Il va falloir que chacun, de son côté également, calme le jeu pour qu’on puisse travailler sereinement. Laisser la justice aller au bout de cette procédure. Nous souhaitons vraiment continuer. Parce que Ras Bath souhaite répondre de ces chefs d’accusation et de démontrer aux yeux du Mali et du monde entier que ce qu’on lui reproche, c’est loin d’être la réalité ».
Suite aux violentes manifestations de ce mercredi à Bamako, l’opposition s’est réunie en séance extraordinaire. Ses responsables se disent préoccupés par la dégradation de la situation socio-politique et sécuritaire dans le pays et demandent à ses députés d’interpeller le gouvernement sur les violences de mercredi à Bamako ainsi que celles survenues à Gao le 12 juillet dernier.
Nouhoum Togo est un des responsables du parti PDES, membre de l’opposition. Il est au micro de Sékou Gadjigo :
« En analysant la situation socio-politique et sécuritaire d’une part et le déroulement malheureux de l’événement intervenu le 17 août 2016 à Bamako, nous avons constaté que d’abord au Mali la banalisation et l’utilisation disproportionnelle des forces notamment des balles réelles sont utilisées souvent au niveau des manifestations. Ce qui s’est passé à Gao et à Bamako en témoigne. La mise en cause de la liberté d’expression consacrée par la constitution du Mali. Par ailleurs les partis politiques de l’opposition ont exigé rapidement l’ouverture d’enquêtes indépendantes avec la participation des organisations des droits de l’homme. Et nous avons demandé de lever rapidement la suspension sur les réseaux sociaux parce que c’est la première fois dans l’histoire du Mali. Les partis politiques de l’opposition aussi ont demandé à notre groupe parlementaire VRD au niveau de l’Assemblée Nationale de prendre des dispositions rapides et de façon diligente pour interpeller le gouvernement sur les événements malheureux du 12 juillet à Gao et du 17 août qui s’est passé à Bamako ».