Le Mali n’est plus 3ème pays producteur d’or en Afrique. Selon le nouveau rapport de la Banque mondiale sur les perspectives du marché des matières premières, le Soudan est le nouveau troisième producteur d’or d’Afrique après l’Afrique du sud et le Ghana. Selon la Banque mondiale, cette baisse de production pour le Mali s’explique par la crise de 2012.
Le rapport de la Banque mondiale indique que la production d’or du Soudan en 2016 est estimée à 82 tonnes, contre 53 pour le Mali. Jusque-là considéré comme 3ème pays producteur d’or, le Mali est donc surclassé par le Soudan. Le rapport indique toutefois que le plus grand producteur d’or en Afrique reste l’Afrique du Sud, suivie par le Ghana.
Selon l’institution financière, cette baisse de production pour le Mali est née avec la crise de 2012, qui a provoqué un coup dur aux compagnies minières.
Pour certains économistes, elle pourrait s’expliquer aussi par l’expansion de l’orpaillage traditionnel dans le pays.
Selon la Chambre des mines du Mali, le pays compterait plus d’un million de mineurs artisanaux, répartis sur 350 sites aurifères. La production d’or du secteur informel est par nature difficile à quantifier, explique-t-on. Les évaluations vont de 10 à 36 tonnes sur 70 tonnes d’or exportées par le Mali. En clair, concluent certains économistes, l’’orpaillage pourrait donc fournir plus de la moitié de l’or malien.
Activité essentielle dans l’économie, l’or occupe 70% des recettes d’exportation au Mali et la 2ème recette en termes d’apport au Produit Intérieur Brut, PIB. Cet apport est estimé à 23%. Le pays compte à ce jour une dizaine de mines d’or, principalement concentrées dans les régions de Kayes et Sikasso.
Pour certains opérateurs miniers, cette baisse de production est le témoignage d’un « manque de vision de la part des autorités » à booster le secteur de l’or. Selon le député Amadou Thiam, membre de la Commission mines de l’Assemblée nationale, le sur-classement du Mali est le résultat de l’incapacité de la politique minière actuelle qui ne prône pas l’agrandissement du domaine minier.
Amadou Thiam, membre de la commission mine de l’Assemblée nationale :
« A mon avis, c’est une question de politique et nous avons une politique qui est défaillante, elle n’est pas progressiste et qui ne promet pas en réalité l’agrandissement et l’expansion du secteur minier surtout de l’or. A mon avis, il faut mettre un accent particulier sur la recherche et accélérer le processus qui permet d’avoir une carte géologique assez fiable qui attire beaucoup plus d’investisseurs. Ce que nous déplorons, c’est qu’il n’y a pas de croissance, parce que pour nous, avec le développement démographique, nous ne pouvons pas nous contenter de la même production annuelle. Pour nous, il faut qu’il y ait une croissance assez considérable. Au Mali nous avons, sur les 10 à 11 mines une seule mine qui soit détenue à capitaux par des Maliens. Pour nous, régresser ça veut aussi dire perdre sa place sur l’échiquier international. Aujourd’hui on est quatrième, on risque d’être cinquième si nous ne faisons pas d’efforts. Donc c’est une interpellation à l’endroit du gouvernement malien. C’est un signal fort, il faut que nous retrouvions notre place et qu’on aille au delà. C’est une question de vision, c’est une question de stratégie et il faut qu’on suive l’objectif ».
Pour certains économistes, ce classement n’a aucune importance et n’affecte pas la production de l’or au Mali. Selon eux, le débat n’est pas au niveau du rang qu’occupe le pays, mais plutôt la place de l’or dans le développement économique et social.
Pr. Abdoulaye Niang, économiste au Centre de recherche «Sènè» :
« Il faut savoir d’où vient l’origine de l’information, c’est la Banque mondiale. Pourquoi on vient nous dire en 2017 que depuis 2012 le Mali n’était plus 3e pays producteur de l’or? Il y a des indicateurs claires ».
Ça veut dire que cette information est à prendre avec des pincettes ?
« Ça n’a aucune importance. Que vous soyez 3ème ou 4e , si c’était sur la base d’une guerre économique ou d’une guerre commerciale contre le Mali et contre le peuple malien, il vaut mieux que l’or reste sous terre jusqu’à ce qu’une génération de responsables vienne et non pas ceux qui sont en rupture avec leur serment, ceux qui ont juré devant le peuple malien et devant Dieu en disant qu’ils vont respecter la Constitution et la loi. La loi n’est pas respectée dans la « loi IBK ». L’or malien est aujourd’hui une malédiction pour le peuple du Mali, mais ça va être bientôt une bénédiction. Le peu de personne qui va être un obstacle à notre projet commun qui nous gêne dans notre combat, il faut le sauter, c’est tout ».