La Communauté des États sahélo-sahariens a réitéré ce vendredi à la clôture de ses travaux à Abidjan sa volonté de créer un centre Cen-Sad de lutte contre le terrorisme qui sera basé au Caire en Egypte. Cette annonce a été faite aux termes de la 5ème réunion des ministres de la Défense de l’organisation qui regroupe 28 pays, dont le Mali.
L’idée, qui avait germé en 2016 lors de la précédente réunion annuelle en Egypte, a été relancée à Abidjan avec un calendrier et des modalités de fonctionnement qui restent encore floues.
Le centre devrait être opérationnel dans huit mois. Il y a 60 jours pour préparer les textes pour sa mise en place, a affirmé une source au sein du ministère ivoirien de la Défense. Ce centre de coordination de la lutte devra concentrer les renseignements antiterroristes et fonctionnera avec des effectifs encore non chiffrés en provenance de tous les pays, selon la même source.
Dans la déclaration finale de la réunion, les pays de la Cen-Sad ont réaffirmé leur volonté de partager les renseignements et de mutualiser les moyens de lutte contre les groupes jihadistes, omniprésents dans la zone. La prochaine réunion annuelle des ministres de la Défense de la Cen-Sad aura lieu au Nigeria en 2018.
Cette annonce intervient au moment où au niveau de la sous-région sahélienne plusieurs pays frappés par le terrorisme, envisagent la création de forces multinationales pour faire face à la menace terroriste. Au niveau du Luptako Gourma et du G5 Sahel, le Mali adhère à la création de ces forces anti-terroristes.
Certains observateurs se montrent sceptiques quant à l’efficacité de ce centre de lutte anti-terroriste. Selon eux, sa création n’est pas appropriée. Ces analystes préconisent plutôt le renforcement du G5 Sahel et la mutualisation du renseignement pour une action efficace.
Serge Daniel est journaliste-écrivain :
« Je crains que ça ne soit une réunion de trop. Vous savez que l’Etat-major de ce centre dont il est question va être basé en Egypte au Caire. Or, vous avez le G5 sahel qui existe, qui est à mon avis, l’organisation sous-régionale la plus efficace aujourd’hui pour lutter contre le terrorisme. Je crains vraiment que ce ne soit une réunion de trop. J’ai suivi le déroulement de cette rencontre, l’idée c’est de pouvoir mobiliser les renseignements pour lutter contre le terrorisme et je ne vois pas par quel bout prendre cette affaire là. Vous avez un hub, une plate-forme tournante dans le Sahel, par exemple, il faudrait que ce soit le Mali ou un autre pays sahélien. Vous avez un autre hub de l’autre côté, ça peut être l’Egypte, mais je ne pense pas que ce soit pensé comme ça. Mais, de toutes manières, on verra comment cela va fonctionner. Lutter contre le terrorisme de manière transversale, oui, par ce qu’un terroriste en Egypte est dangereux pour un pays comme le Mali, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, mais je ne vois comment se dessiner une synergie d’actions pour que ce centre soit efficace ».