Recrudescence des attaques terroristes dans le nord et le centre du pays. Plusieurs personnes ont été victimes d’attaques terroristes, mais aussi d’affrontements entre groupes armés. Le pays fait face depuis quelques jours à une escalade de la violence. Pourtant, les opérations anti-terroristes se sont multipliées.
Au total plus d’une quinzaine de morts ont été enregistrées ces derniers jours dans le nord et le centre du pays. Tout a commencé avec une embuscade meurtrière contre une mission de ravitaillement des forces armées maliennes mardi près de la localité de Nampala. Neuf soldats maliens ont été tués au cours de cette attaque.
Le même jour à Arbichi dans la région de Tombouctou, des groupes armés du Gatia et de la CMFPR 2 se sont affrontés faisant 4 morts selon des sources locales. Un peu plus tard dans la soirée deux personnes ont été tuées lors d’une tentative de vol de moto. Le lendemain, c’est le camp de la mission onusienne à Tombouctou qui a été la cible d’une attaque à l’arme lourde.
Plusieurs tirs de roquettes ont atterri dans le camp faisant un mort et neuf blessés dont quatre grièvement selon la Minusma. Cette recrudescence des actions terroristes intervient alors que les forces maliennes et françaises multiplient les opérations pour traquer les groupes jihadistes.
Selon une source militaire, près d’une vingtaine de présumés terroristes dont deux femmes ont été arrêtées une dans la région de Mopti à la frontière burkinabé. Le week-end dernier, la Force Barkhane a également annoncé avoir neutralisé 20 terroristes au cours d’une opération dans la forêt de Fourousalé à la frontière Burkinabé.
La dernière opération des forces françaises dénommée » Bayard » a permis de localiser et de détruire un campement djihadiste dans une région boisée au Mali. Selon colonel Patrick Stéguère qui donne le bilan de l’opération, une partie des terroristes a pu s’enfuir, mais les indices sont en cours d’exploitation afin de remonter la filière. Il est au micro de nos confrères de RFI :
« Le bilan de ces actions, une vingtaine de motos, un pick-up, de l’armement, des armes légères d’infanterie, des lance-roquettes, des pistolets automatiques, des munitions, des chargeurs, des matériels informatiques ainsi que des composantes rentrant dans la fabrication d’engins explosifs improvisés. Aussi, je peux vous dire qu’un certain nombre de terroristes s’est enfui et a sans doute emporté une partie de ses blessés. Les renseignements sont en cours d’exploitation pour savoir exactement de quel groupe il s’agissait. C’est une zone dans laquelle est présent le groupe Ansarul islam, c’est une zone où tente de s’implanter le RVIM et on n’exclut pas une possibilité d’une alliance de circonstance entre les deux »
Pour certains spécialistes des questions sécuritaires, les forces maliennes et étrangères font face à une guerre asymétrique. Ils estiment que pour la gagner, l’accent doit être mis sur le renseignement et la capacité à intervenir rapidement. Ibrahim Maïga est chercheur à l’ISS de Dakar. Il était l’un des invités de l’émission grand dialogue :
« On est devant une menace asymétrique. Donc, ce n’est pas une menace classique. On assiste à des attaques effectuées la plupart du temps par des petits groupes en bande de 5, 10, 20 parfois lourdement armés, et attaquent des positions parfois statiques ou mobiles. Parce qu’on l’a vu dans certains cas, c’est des casernes ou des camps militaires qui sont attaqués parfois, facilement et ça, on le déplore par ce que de l’autre côté, il y a probablement une défaillance. Il n’y a pas une extrême vigilance de la part des forces armées maliennes. Il faudrait peut-être voir de ce côté. Mais, d’un autre côté, il y a des attaques mobiles sur des troupes qui se déplacent point d’un A point à un B et ça c’est malheureusement, l’une des façons les plus efficaces d’y faire face non seulement des renseignements, c’est-à-dire être capable de sentir la menace et de la prévenir avant qu’elle ne s’abatte sur vous et aussi la capacité d’être très vite secouru ou en tout cas ravitaillé et épaulé par des forces. »
En 2016, l’état d’urgence a permis d’interpeller 12 mille 570 personnes, 1092 perquisitions ont été menées et plus de 200 armes ont été saisies. Selon le général Salif Traoré, ministre de la sécurité, une opération de sécurisation intégrée des régions de Ségou et Mopti est en cours. Elle doit permettre de sécuriser les zones dangereuses du centre du pays pour favoriser le retour de l’administration dans les zones où elle est absente. Une déclaration faite hier lors du forum de la presse organisée par la maison de la presse.