Les autorités intérimaires des régions de Tombouctou et Taoudeni ont finalement été installées hier après quatre reports consécutifs. Comme dans les trois autres régions du Nord, les autorités installées doivent restaurer l’autorité de l’État et préparer les futures élections.
A Tombouctou et Taoudéni, les représentants des nouvelles autorités ont été installés hier après quatre reports. Le Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), qui s’opposait à leur installation a obtenu des postes de conseillers spéciaux au sein du gouvernorat et des postes au sein de la commission DDR. Les blocages levés, le CJA a libéré les check-points qu’il occupait.
Dès sa prise de fonction, le nouveau président des autorités intérimaires de Tombouctou Boubacar Ould Hamadi s’est dit pressé de pouvoir commencer à travailler avec toutes les populations, sans distinction d’ethnies, de religion ou de groupes armés.
Mais déjà des mouvements de contestation ont surgi à Gao contre ces nouveaux arrangements avec le Congres pour la justice dans l’Azawad. Le groupe d’auto-défense Ganda Izo proteste contre son exclusion du processus de mise en œuvre de l’accord.Pour ses responsables, cette exclusion est à leurs yeux « discriminatoire » et ne favorise pas le retour de la paix et de la sécurité.
Cependant les autorités intérimaires sont maintenant toutes installées dans les cinq régions du Nord. Certaines depuis déjà plus d’un mois, mais le travail peine toujours à démarrer. La préparation des élections, le retour des déplacés et l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire sont parmi leurs principales missions.
Les mouvements d’autodéfense de la région de Gao dénoncent les faveurs accordées à certains groupes armés pour la mise en place des autorités intérimaires.
Pour Mohamed Attayib Sidibé, président du Mouvement Ganda Izo, membre de la Plateforme, cette exclusion des mouvement d’autodéfense ne favorise pas le retour de la paix et la réconciliation :
« Le Ganda Izo se sent exclu des autorités intérimaires, pas seulement des autorités intérimaires, mais de toutes les structures de suivi et de mise en œuvre du processus de paix. Ce n’est pas seulement le Ganda Izo, il ya aussi le Ganda lassa lizo également membre de la Plateforme. Nous avons l’impression, que les autorités du Mali, nous avons compris, n’écoutent que ceux qui prennent les armes. Nous, on a déjà les armes. On constate que nous sommes malheureusement victimes d’une discrimination, une discrimination sur une base ethnique qu’il faut malheureusement dire. Nous disons aux autorités que tant qu’on ne prend pas au même pied d’égalité tous les citoyens, tous les fils de ce pays, on ne peut prétendre à une paix durable ».
Des observateurs pensent que l’installation des autorités intérimaires dans toutes les régions du Nord « est un pas important dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation.» Pour Brema Ely Dicko, les présidents de ses autorités doivent réunir tous les acteurs du processus de paix en vue d’instaurer un climat de confiance et de sécurité dans ces régions.
Brema Ely Dicko, spécialiste des questions de sécurité :
« C’est une des clauses des accords d’Alger, et ensuite des accords qui ont été paraphés à Bamako, donc c’est une bonne chose que les installations puissent avoir lieu même si on peut regretter le retard accusé parce qu’au même moment, les populations souffrent. J’espère que les gens qui ont été installés pourront bénéficier de l’accompagnement des populations de toutes les parties. Parce que c’est comme ça qu’on peut faire de sorte que les conditions sécuritaires soient réunies, que les gens, au de-las des discours de façade, puissent vraiment s’impliquer pour que cette installation puisse déboucher sur l’installation d’un climat de confiance. Donc, je pense que c’est une bonne chose. Parce que, ça permet aussi aux uns et aux autres de se faire confiance et de voir ensemble, comment on peut définir les modalités de collaboration. Ce qui permet finalement la définition donc des priorités et de voir comment on peut faire en sorte que toutes les parties puissent s’engager dans l’instauration d’un climat sécuritaire apaisé ».