La composition de la nouvelle équipe gouvernementale est connue depuis hier. 35 ministres composent ce nouvel exécutif, quatre de plus que la précédente équipe. Comme dans l’ancien gouvernement, huit femmes figurent dans l’équipe d’Abdoulaye Idrissa Maïga. En revanche l’opposition n’est pas représentée dans ce nouveau gouvernement. Ses responsables estiment que « cette nouvelle équipe est conçue juste pour préparer les élections générales de 2018 ».
Plusieurs reconductions, des départs, des arrivées mais aussi quelques permutations. Les ministères régaliens, comme les finances, les affaires étrangères la sécurité ou encore la justice restent inchangés. Toutefois, il faut noter l’arrivée de Tiénan Coulibaly au ministère de la défense. L’ancien ministre des finances sous la transition est réputé être un homme intègre.
Pas de sursis pour les ministres de la santé et de l’éducation confrontés à des mouvements de grève. Cependant l’ancien ministre de l’administration territoriale Mohamed Ag Erlaf passe au département de l’éducation. Il laisse sa place à Tiéman Hubert Coulibaly remercié il y a quelques mois au ministère de la défense. Quand au ministère de la santé il échoit au Professeur Samba Sow, ancien conseiller du Président de la République pour la lutte contre la maladie Ebola.
La nouvelle équipe enregistre de nouvelles arrivées. C’est le cas de Maouloud Ben Katra secrétaire général adjoint de la principale centrale syndicale du pays. Il est désormais chargé de l’emploi et de la formation professionnelle. Le secrétaire général du parti présidentiel RPM, Baber Gano, est nommé au ministère des transports. Le département de la promotion de la femme revient à Oumou Touré, présidente de la CAFO, la Coordination des associations et ONG féminines.
La majorité présidentielle estime que le nouveau gouvernement peut régler les défis sécuritaires et socio-économiques auxquels le pays fait face. Selon Ousmane Kola Daou de la mouvance présidentielle, « c’est un honneur que le Premier ministre soit de la majorité ».
Ousmane Kola Daou de la jeunesse RPM :
« Dieu merci pour cette fois-ci que le Premier ministre soit de la majorité présidentielle et dans le gouvernement il y a plusieurs membres de la majorité présidentielle et de la société civile. Nous pensons que c’est un gouvernement d’action. Depuis la nomination du Premier ministre, déjà des négociations ont commencé avec les syndicats, notamment la santé et les enseignants qui sont en grève. Nous fondons un grand espoir sur ces hommes et femmes que le Président de la République a choisis pour conduire la destinée du gouvernement. Nous félicitons les camarades et nous les exhortons à plus d’engagement pour la réussite de leur mission ».
Par contre l’opposition pense que le nouveau gouvernement est conçu juste pour préparer les élections générales de 2018. Soumaila Cissé, chef de file de l’opposition a manifesté sa déception et déploré l’absence des groupes armés dans ce gouvernement. Pour lui, ce gouvernement ne peut pas faire face aux préoccupations des Maliens.
Soumaïla Cissé :
« Pour moi, c’est une grande déception. Après la conférence d’entente nationale, on s’attendait à un gouvernement qui allait être résolument engagé pour faire face aux défis. Le président a dit que tout le monde était dans le train, mais ce qu’on constate est que la CMA et la Plateforme sont descendues à la plus prochaine gare qu’elles ont trouvée. Le fait qu’elles ne soient pas dans le gouvernement est manifestement un échec. Aujourd’hui, le gouvernement apparaît comme un gouvernement qui se prépare aux élections générales de 2018. Tous les chefs des partis politiques alliés au RPM sont membres du gouvernement et à des postes importants pour que les élections soient préparées. Ce n’est pas un gouvernement qui fait face vraiment aux difficultés que nous connaissons aujourd’hui dans le pays. Comme je m’en doutais, comme je m’en inquiétais, le choix a été fait juste pour préparer l’élection présidentielle. Voilà ma lecture de ce gouvernement sans compter bien sûr la violation de la loi sur les femmes et le fait qu’il n’ y a que 8 femmes sur les 36 membres du gouvernement ».
Du côté des groupes armés, la Coordination des mouvements de l’Azawad espère que ce nouveau gouvernement puisse donner une nouvelle dynamique à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Selon ses responsables, « la CMA n’a pas voulu participer à ce gouvernement pour des raisons de désaccord avec l’actuel Premier ministre sur le partage du pouvoir recommandé par l’Accord ».
Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la CMA :
« Nous pensons que c’est un gouvernement de mission. Notre plus grande attente, c’est qu’il impulse une nouvelle dynamique à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Parce que, cet accord a beaucoup souffert de lenteur et de difficultés dans sa mise en œuvre. Ce pays a d’énormes difficultés. Donc ce gouvernement a beaucoup de défis auxquels il doit faire face. Pour ce qui concerne la CMA, notre lecture de participation à un gouvernement, doit s’inscrire dans le cadre du partage du pouvoir prévu dans le même Accord dont je viens de parler. En guise de bonne foi, quand le Premier ministre nous a consultés, on a répondu à son appel. On a un peu abordé la question. Mais apparemment, on n’était pas sur la même longueur d’onde. On ne rentre pas dans un gouvernement juste pour être des figurants. Il faut une discussion profonde qu’on ne peut pas faire en quelques minutes de consultation ».
Les responsables de la Plateforme sont, eux, optimistes quant à la capacité du nouveau gouvernement à faire face à la gestion des affaires publiques. Cependant, ils souhaitent que la nouvelle équipe gouvernementale fasse avancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et l’installation des autorités intérimaires.
Fahad Ag Almahmoud porte-parole de la Plateforme :
« Je pense que le gouvernement doit se mettre au travail pour que le pays commence à bouger. Je ne sais pas si vous avez remarqué depuis trois mois, on parlait de remaniement, ce qui est un effet négatif sur le travail. Je souhaite que cela ne soit plus le cas. J’ai la pleine confiance en la personne du Premier ministre, je le connais bien. Son indépendance et puis, son bon sens doté d’un patriotisme, je pense qu’il peut faire bien de choses. Oui, la Plateforme a été bien consultée. On avait donné une liste pour dire qu’on était partant, on est prêt à toute idée qui nous associe à la gestion des affaires publiques. Je pense que le nouveau gouvernement était attendu depuis un certain moment et c’est salutaire pour qu’on passe à autre chose. Ma préoccupation, c’est d’abord faire avancer l’Accord, avancé sur le cantonnement des groupes armés et le processus de DDR, l’installation des autorités intérimaires là où elles doivent être installées. Je souhaite que le nouveau gouvernement apporte sa touche par rapport aux ministres auxquels nous avons eu à faire par le passé. Une touche positive je voulais dire ».
Le premier conseil des ministres prévu aujourd’hui n’a pas pu se tenir. Selon certaines sources, le voyage du président de la République ce matin à Paris serait la raison du report de cette rencontre.