Des responsables de la sécurité et du renseignement d’une trentaine de pays africains se sont réunis de lundi à mercredi dans la capitale soudanaise à Khartoum pour évoquer la lutte contre les jihadistes, une menace grandissante sur le continent.
Selon un haut responsable de la sécurité présent à la conférence, des milliers de jeunes Africains ayant rejoint des organisations jihadistes comme le groupe Etat islamique représentent désormais une menace réelle pour leur pays d’origine. Le Comité africain des services de renseignement et de sécurité basé à Abuja au Nigeria, estime qu’“environ 20 à 40 % des combattants terroristes étrangers retournent dans leurs pays d’origine depuis l’Irak, la Syrie ou ailleurs” après avoir combattu pour l’E.I. Nombre de ces combattants possèdent des passeports occidentaux ou étrangers qui leur permettent de voyager facilement en Afrique. Des rapports de renseignement indiquent que de nombreux combattants se rendent au Mali, au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Pour le Comité, “ces pays deviennent des priorités de l’E.I”. Le chef du service national du renseignement du Soudan indique que “des mercenaires, des combattants terroristes étrangers et des organisations hors-la-loi forment le triangle de l’horreur en Afrique”. Selon lui ces trois éléments ont contribué à “polariser les sociétés à travers l’Afrique”.
Certains analystes pensent que la porosité de nos frontières peut favoriser l’introduction des présumés jihadistes se réclamant de l’Etat islamique dans nos pays. Ces spécialistes des questions sécuritaires soulignent que l’existence de Boko Haram au Nigeria et de l’ex-Mujao au Nord du Mali sont un danger pour le pays.
Serge Daniel, journaliste, spécialiste des questions sécuritaires :« Nos pays ne sont pas à l’abri de l’arrivée massive des présumés jihadistes, des criminels entre autres. Ça, c’est évident parce que les armes circulent facilement dans ces zones malgré tout le contrôle que nous avons. Vous avez la Libye, par exemple, il y a un corridor qui va de la Libye vers le Sahel, et c’est un corridor très important. Il y en a aussi en Afrique de l’Ouest, avec le Nigeria où vous avez Boko Haram qui se réclame de l’Etat islamique. Dans le nord du Mali, il y a l’ex-Mujao qui se réclame aussi de l’Etat islamique. Voilà un terreau favorable à l’arrivée massive des combattants présumés jihadistes criminels de l’Etat islamique. Nos frontières sont des passoires, ce n’est pas facile d’assurer toute la sécurité, il y a toujours des problèmes de coordination en matière sécuritaire. Donc, il y a effectivement des dangers. Le danger, ce n’est pas seulement le Mali. Le danger, c’est le Niger, ça peut être le Sénégal, ça peut être d’autres pays ».