Dix morts et plusieurs blessés, c’est le bilan des affrontements entre chasseurs Bambara et éleveurs Peulhs. Ces affrontements sont survenus hier à Banikoro, dans le cercle de Niono au Centre du pays. Selon des sources locales, qui confirment ce bilan, plusieurs personnes ont fui leurs localités par peur de représailles. Des initiatives de médiation sont en cours pour un règlement pacifique du conflit.
Les tensions se multiplient dans le Centre du Mali entre Bambaras et Peuls, souvent soupçonnés de « collusion avec les jihadistes » en raison de la présence dans la région depuis 2015 d’un mouvement armé fondé par le prédicateur radical peul Amadou Koufa.
Les affrontements survenus ce mercredi sont donc la suite d’un cycle de violence qui s’installe de plus en plus entre certaines communautés. A Banikoro, dans la commune de Diabaly, près de Ségou, les heurts entre Bambara et Peulh ont fait une dizaine de morts et plusieurs blessés, selon les autorités locales. Un calme relatif semble régner dans la localité depuis hier. Des initiatives de médiation sont en cours pour un règlement pacifique du conflit.
Ousmane Diallo, 1er adjoint au maire de Diabaly, explique les causes de ces affrontements :
« Hier aux environs de 10 h, donc mercredi 22 mars, il y a eu des affrontements au niveau de Banikoro à près de 27 km de Diabaly. Ces affrontements ont donné un bilan de 10 morts et 14 blessés du côté des donsos. Effectivement, on considère cet incident comme un affrontement entre nos communautés ».
Quelle est la cause de ces affrontements?
« Sur les lieux, on a demandé les donsos qui nous ont dits qu’ils ont perdu des animaux, et ils soupçonnent les peulhs. Donc c’est un peu ce que nous avons eu comme arguments. En tout cas, nous, nous privilégions le dialogue par ce que nous avons des mécanismes pour décanter des situations de ce genre. Nous intervenons avec nos moyens traditionnels, on fait appel aux différentes populations, que ce soit Peulh ou Bamanan. Comme je l’ai dit, rien ne vaut la paix. En tout cas nous, en tant qu’autorités, on est habitué à ces situations et on œuvre dans ce sens ».
Le Centre du Mali est donc régulièrement le théâtre de conflits inter communautaires, notamment entre Peulh et Bambara. Le fait a inspiré un livre chez notre confrère Adam Thiam sous le titre : « Centre du Mali: enjeux et dangers d’une crise négligée ». La présentation de l’œuvre a eu lieu ce matin à Bamako. L’auteur estime que la recrudescence des conflits au Centre du pays est due à la négligence de la zone par sa population et les autorités du pays. Dans ce document 56 pages, il invite le gouvernement malien et les parties prenantes à s’impliquer davantage pour une lutte commune contre la crise.
Adama Thiam, journaliste-écrivain:
« De 2015 à 2017, les violences au Centre du Mali se sont accrues. Nous voyons plusieurs types d’insécurité sources de ces violences. Ce que nous disons dans cette étude, c’est que malgré l’existence de jihadiste dont certains sont Peuls, d’autre Dogons, il faut se garder de faire une extrapolation. Nous souhaiterions que le Gouvernement le mesure un peu mieux, parce que ceux qui ont apporté l’insécurité au Nord veulent se service de la région du Centre comme région bélier. La menace est totalement conténable. Il suffit que l’Etat mesure à sa juste valeur l’ampleur de la crise du Centre. Que les parties prenantes, c’est à dire toutes les autorités morales, les autorités religieuses, les chefs militaires, les chefs politiques et les communes soient impliqués dans la résolution de cette crise ».