Le Mali célèbre ce mercredi 8 Mars, la Journée Internationale de la Femme.Elles sont des centaines à s’être particulièrement illustrées par leur audace et leur ténacité dans le combat pour la liberté contre les violences et autres formes d’agressions. Le rôle et la place de la femme malienne dans la gestion des affaires publiques , son autonomisation économique et le respect du genre suscitent des grands débats des associations de défense des droits de la femme.
Au Mali, les femmes, malgré leur supériorité numérique, restent touchées par la pauvreté et la discrimination basée sur le genre les condamnant souvent à des emplois précaires et mal rémunérés. Cette discrimination restreint également leur accès aux instances de prise de décision, aux activités économiques tels que les terres et les emprunts. Elle limite leur participation à l’élaboration des politiques économique et sociale. Enfin, les femmes rurales qui se chargent de l’essentiel des tâches ménagères, n’ont souvent que peu de temps pour trouver de nouvelles perspectives économiques.
Avec l’adoption, le 24 novembre 2010, de la Politique nationale genre (PNG), le gouvernement du Mali s’est engagé en faveur de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. De façon spécifique, la PNG/Mali cible le renforcement de la capacité économique des femmes, la reconnaissance de la contribution des femmes au développement économique par leur insertion aux circuits et l’accès égal aux opportunités économiques d’emploi et aux facteurs de production.
Le thème retenu cette année pour le 8 mars : « autonomisation économique de la femme dans un monde de travail en pleine évolution » se justifie du fait que beaucoup de femmes estiment que des efforts doivent encore être faits pour faire progresser la protection des droits des femmes. En plus de l’institution d’un quota de 30 pour cent dans l’accès aux fonctions nominatives et électives pour promouvoir le genre ,les associations féminines ont espoir de l’adoption prochaine des nouvelles mesures pour protéger les des droits des femmes.
A l’occasion de cette journée de la femme, la présidente de la Coalition des associations et ONG féminines du Mali regrette la non application des textes régissant les droits de la femme. Selon Oumou Touré les femmes sont incontournables dans le développement économique du Pays.
Madame Oumou Touré présidente de la CAFO, est au micro de Fatoumata Barry.
«Il y a beaucoup de textes auxquels notre pays a souscrit qui doivent défendre les intérêts économiques, professionnels et politiques de la femme. Mais le grand problème est qu’on ne parvient pas à les mettre en application. Moi, je pense que c’est le défi même de reconnaître que la femme est capable, elle peut faire quelque chose, qu’elle contribue au développement du pays. Aujourd’hui, il est très évident que cette femme, elle participe même quand on ne l’appelle pas, même quand on ne la reconnaît pas, même quand on ne la revalorise pas. Donc, c’est un defi en termes de mobilisation, en termes de potentialité. Maintenant, c’est au pays d’utiliser la force féminine. ça c’est un defi à relever. Ce grand rôle, la femme doit le jouer dans le processus de paix, dans la médiation, dans la réconciliation. Et puis, elle est agent de veille et de sensibilisation, d’information pour amener les gens à s’entendre autour d’un projet commun».
Selon la représentante de l’Union africaine, pour accélérer la concrétisation des engagements pris par les chefs d’états , l’Union africain a consacré deux années consécutives à l’agenda de la femme africaine. Mme Binéta Diop, envoyée spéciale de la présidente de la commission de l’Union africaine est au micro de Moumine Sendibou :
«Des progrès considérables ont été faits, mais malgré ces avancées nous constatons toujours que la bataille pour l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes est loin d’être gagée. A travers des textes fondamentaux notre continent s’est résolument engagé à changer la donne, mais le résultat traîne. C’est dans le souci d’accélérer la concrétisation des engagements pris à travers des années par nos chefs d’états, mais aussi par nous les femmes que l’Union Africain a consacré deux années consécutives à l’agenda de la femme africaine. Ces 2 années ont permis d’analyser la situation et de recadrer les priorités africaines pour l’autonomisation de la femme. Si on va dans le milieu rural ,les 70 % des femmes qui cultivent la terre n’ont pas accès à cette terre».
Pour Maxime Houinato, représentant de l’ONU-femme, il est temps de transcender les difficultés liées à l’employabilité de la femme. Selon lui « il est très important que l’éducation puisse donner à la femme et à la fille la capacité de surmonter ses propres blocages de mentalité ». Il est au micro de Moumine Sendébou :
« Il est admis et soutenu par les nations unies que l’autonomisation de la femme d’une manière générale, implique un certain nombre de facteurs. De ces facteurs, on peut souligner essentiellement la dignité de la femme. Le plus souvent, les femmes sont au second rang dans la société, essentiellement parce que leur dignité est bafouée.Toutes les décisions qui concernent la gestion de la femme elle même, devrait être dans son pouvoir de décision. Cela semble évident, mais dans beaucoup de communautés, ces décisions sont prises par d’autres personnes. Ensuite vous avez des questions qui sont liées aux prises de décision politique. Et tous ces éléments participent à définir le concept d’autonomisation des femmes. En ce qui concerne l’éducation, on se rend compte que l’éducation donne des connaissances et ne donne pas assez d’aptitudes qui seraient liées à l’employabilité de la femme. Il est très important que l’éducation puisse donner à la femme et à la fille la capacité de transcender ses propres blocages de mentalité».